Fandom : ma fan-attitude suit une courbe de Gauss (1)

Contrairement à certains, je ne pense pas qu’être fan soit une attitude de gosse, mais la mienne suit une courbe de Gauss.

C’est-à-dire? Une courbe de Gauss, c’est ça :

courbe de Gauss

« la loi normale est l’une des lois de probabilité les plus adaptées pour modéliser des phénomènes naturels issus de plusieurs événements aléatoires ». Aussi appelée courbe en cloche, parce que donc, en gros, en moyenne, plus on s’éloigne du milieu et moins il y a de cas / individus / phénomènes qui vérifient la condition en question.

La mienne aurait plutôt en ordonnée (la verticale) la proximité que je recherche avec les artistes dont je suis fan (et en abscisse le temps qui passe).

1) La montée

Quand j’étais ado, et fan de A-ha, j’étais fan mais de loin. J’habitais sur Tatooine dans la Bordure Extérieure dans un trou paumé où ils ne risquaient pas de passer en concert et encore moins de venir faire du shopping. J’aurais pu demander à mes parents de me conduire sur les 300 bornes de mauvaise route jusqu’au concert le plus proche, mais je n’avais pas plus envie que ça de les voir sur scène. Certains articles de OK! Magazine sur leur première tournée laissaient à penser qu’ils ne jouaient pas à 100% en live, et je n’allais pas faire 300 bornes pour écouter du playback. (rétrospectivement, ils utilisaient sans doute seulement des bandes de renfort et/ou des boîtes à rythme. Ils n’étaient que 3 sur scène, Morten ne jouait d’aucun instrument, et avec Magne aux claviers et Pal à la guitare, il manque la rythmique. De nos jours, ils ont deux ou trois musiciens avec eux pour ça).

gauss_aha

De plus, j’aimais les albums tels qu’ils étaient, et je ne voyais pas l’intérêt du live, qui ne pouvait être que décevant par rapport au son pur des dits disques. (oui je suis une perfectionniste. Pour moi, le charme des imperfections du direct, c’est un goût acquis, et encore : point trop n’en faut, sinon je grince des dents et je pars trouver un artiste moins approximatif).

Le dit perfectionnisme s’appliquait aussi à mon côté groupie ado : je me doutais bien que le chanteur pour lequel j’avais le béguin n’était pas aussi parfait en vrai qu’en photo. Je n’avais aucune illusion non plus sur mes chances de le pécho (d’autant qu’il aurait risqué gros pour détournement de mineure). Ni même de l’approcher à moins de 20 mètres. Et quand bien même j’aurais pu le rencontrer, je doutais qu’il soit à la hauteur du fantasme. Aucun intérêt à assister au concert, donc.

Le temps a passé, j’ai cessé d’être fan de A-ha. D’une manière générale, au bout de 3 albums (maximum) je me lasse. Ici, je n’ai pas acheté le 4e, et même arrêté d’écouter leur musique.

gauss_sting

J’ai déménagé sur Alderaan dans une ville plus importante, dotée d’un Zénith. J’y ai fait mes études (en ville), et Sting y est passé (au Zénith) en concert solo. En première partie passait Natalie Merchant, qui avait écrit une chanson en mémoire de River Phoenix, une des plus belles qui lui soient consacrées.

L’album TigerLily en question est très bien au demeurant. J’aimais beaucoup Sting aussi, surtout ses chansons (même s’il est assez comestible, même de nos jours). La combinaison des deux artistes m’a décidé à braver la foule pour assister au concert.

Je ne me souviens pas de grand-chose, pour être honnête, si ce n’est que quand les basses faisaient boumboum, j’avais l’impression désagréable de recevoir un massage cardiaque et que ça détraquait mon coeur. De toute évidence, mon seuil de résistance au son et aux vibrations est plus bas que la moyenne. D’ailleurs, les musiciens qui aiment gonfler leur son commencent à me gonfler aussi : on n’est pas sourds, nous.

Mais faire son baptème de live avec un concert d’un professionnel consommé comme Sting, c’était une bonne chose : musicalement, il assure. Ca donne envie de recommencer. Mais je manquais de groupes à suivre, parce qu’il faut vraiment que je connaisse bien les chansons pour apprécier, et en fosse je n’avais pas vu grand-chose, donc je n’ai pas poursuivi.

Quelques années plus tard, fin des études, et installation à Coruscant Paris pour trouver un travail. Je traînais alors souvent mes guêtres à Album Comics le week-end, dans le quartier Saint-Michel des librairies de bande dessinée. Un jour, ils annoncent en dédicace James Marsters, l’acteur qui jouait alors Spike le vampire peroxydé dans la série Buffy contre les vampires. J’avais regardé le premier épisode sans être convaincue : j’avais trouvé que Buffy était une quiche à qui manquaient des vilains sexy (David Boreanaz n’est pas mon style) et l’épisode guère drôle. Je me dis en moi-même « Ah, la lose! Payer pour se faire signer un gribouillis par un acteur secondaire d’une série B, c’est vraiment n’importe quoi! ».

Vous connaissez l’adage, « Il ne faut pas dire ‘Fontaine, je ne boirai pas de ton eau' »?…

Peu après, je suis tombée sur la saison 5 de Buffy, et j’ai accroché cette fois. J’ai rattrapé mon retard en regardant en même temps les rediffusions des saisons précédentes sur diverses chaînes, ainsi que la S6 en VO sur M6. J’ai même commencé à participer sur des forums de fans en anglais. Passage de « pas fan » à « très fan » en 2 mois. Et j’ai découvert un intérêt certain au personnage de Spike (quand je vous dis qu’il manquait un vilain sexy : ils l’ont ajouté en saison 2).

L’année d’après, le jour du retour en dédicace de James Marsters, j’étais donc dans la file d’attente, en plein soleil, devant Album Bercy, pour mon autographe payant. Et ensuite au concert donné par son groupe Ghost of the Robot.

gauss_james

Pour être tout à fait honnête, ils n’étaient pas très bons. C’était correct pour un petit groupe débutant, ce qu’ils étaient alors, mais sur la durée, on ne peut pas dire qu’ils étaient professionnels. Néanmoins, ils m’ont donné le goût des concerts en petites salles. Et comme James monnayait ses apparitions, dédicaces, photos etc, c’était facile – quoiqu’onéreux – de l’approcher (plus facile que Sting).

Ca m’a aussi donné le goût des voyages, puisqu’il n’y eu qu’un concert en France et que les conventions ne marchaient guère à l’époque ici. J’ai suivi James avec et sans le groupe un petit moment en Angleterre, en Allemagne… C’est là que j’ai appris qu’il valait mieux combiner tourisme et concert. Car si le concert est raté, ou les fans pénibles, ou qu’une autre mésaventure gâche votre expérience en tant que fan, au moins vous avez fait un joli voyage.

Il y a aussi eu quelques concerts pas trop ratés, notamment après que le groupe ait été dissous* et quand James a commencé à tourner en solo. Celui-ci étant de loin le meilleur, et en plus j’avais pu l’enregistrer en entier depuis le 2e rang. Des fois, l’obstination et l’expérience, ça paye. Un peu.

J’ai aussi accumulé les dédicaces et les Q&A, de lui et d’autres acteurs de Buffy, au fil de diverses conventions. Au point de ne plus guère voir l’intérêt des Q&A, vu qu’il répondait toujours un peu la même chose, surtout quand les fans posaient des questions débiles pour se faire remarquer. J’ai essayé de lui poser des questions originales donnant matière à réflexion, et il s’est débrouillé pour revenir aux mêmes réponses que d’habitude, donc la faute n’est pas à sens unique…

A suivre la semaine prochaine…

* Apparemment, James a reformé Ghost of the Robot depuis. Lui aussi doit manquer d’argent, comme les Norvégiens de A-ha. Et il y fait jouer son fils. Népotisme quand tu nous tiens, il a dû bosser trop longtemps avec Joss Whedon.

9 réflexions au sujet de « Fandom : ma fan-attitude suit une courbe de Gauss (1) »

  1. belle expérience et témoignage :)je pense que le côté fan et passion fonctionne aussi parce qu’on se trouve aussi à des moments de la vie et des émotions qui font que cela répond à cet état d’esprit et d’émotions, et comme cela évolue dans la vie, on se trouve un peu décalé 🙂 mais je comprends ton sentiment pour l’ensemble des artistes que tu cites que ce soti A-Ha ou Sting, j’aime bien je suis, mais de manière moins intense qu’avant 🙂
    Marrant que tu ai cité que tu fréquentais album, étant fan de comics j’ai souvent fréquenté album la boutique de St Germain/ rue Dante on s’y est peut être croisé 🙂 ( oui je sais il y a beaucoup de monde qui y passe )
    Pour tes voyages avec ta passion je confirme nous avec mon épouse c’est ce que l’on fait on combine souvent les voyages en convention / concert à l’étranger en profitant du déplacement pour visiter les lieux sur places et voir des amis / connaissances à travers le monde 🙂

    • C’est pour les comics que je fréquentais Album 🙂 Sinon je n’aurais jamais vu l’affichette. Effectivement c’était un peu, et c’est toujours, un point de ralliement de tous les gens qui aiment BD, comics, manga etc sur Paris, avec tout le quartier autour.
      Maintenant j’en suis quasiment à profite plutôt des concerts ou autres pour caler des vacances dessus. A la limite c’est plus la destination qui décide de est-ce que j’y vais ou pas 😉

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