J’ai enfin découvert l’intérieur de la Cinémathèque de Paris à l’occasion de l’exposition consacrée à Martin Scorsese.
Outre ce qu’on s’attend à voir (rétrospective de l’oeuvre), un grand nombre d’objets personnels enrichissent cette exposition. De la table des parents Scorsese, qu’on voit dans son documentaire Italianamerican, à diverses photos de tournages, des documents – lettres et fax reçus par Martin Scorsese d’illustres réalisateurs – Oshima, Resnais, Spielberg… – ou de professionnels travaillant avec lui : recherches de lieux de tournages, problèmes de scénarios.
Les photos étant interdites, je partage la seule que j’ai prise DANS l’expo, parce que c’est le plus beau lapsus de l’année :
« Scène inaugurale d’explosition de Casino »…
L’exposition est divisée en plusieurs thématiques, parmi lesquelles ses influences et sa cinéphilie. Peu de réalisateurs méritaient autant que Scorsese un hommage à la cinémathèque, considérant d’une part ses nombreux hommages aux réalisateurs qui l’ont précédé, et d’autre part son engagement pour la sauvegarde du patrimoine filmique. Vers la fin, l’exposition relate son appel public à la mobilisation de la profession en 1980 pour demander que Kodak produise des films plus stables, car il avait remarqué que les couleurs des copies de film se dégradaient rapidement. Depuis, il a créé une fondation pour leur restauration et leur sauvegarde.
Parmi les lettres de Spielberg, Lumet et autres lui offrant son soutien, un réalisateur se plaint que ce serait aussi l’occasion de faire pression sur Kodak pour améliorer son service tout court, car il avait eu plusieurs lots de films défectueux, avec des taches ou ne tournant pas à la bonne vitesse. Kodak étant en position de quasi-monopole, il y voyait la source de leur laxisme et proposait, pour recréer une concurrence, de favoriser Fuji. Ironiquement, depuis, l’avènement du numérique a conduit Kodak à cesser la fabrication de film…
Pour les amateurs des dessous du cinéma, outre une maquette d’Hugo Cabret, on trouve un costume de Leonardo diCaprio dans Gangs of New York, et la robe de Katherine Hepburn/Cate Blanchett dans Aviator. Également de nombreuses photos de tournage, dont celles de Brigitte Lacombe. On voit aussi belles peintures de Dante Ferretti ayant servi d’études de décor, et pas mal d’études de costumes, de Sandy Powell essentiellement. Il y en a aussi deux de Giorgio Armani, sponsor de l’exposition, pour des tenues de DiCaprio dans le Loup de Wall Street.
Si les films de Scorsese sont, pour les plus importants en tout cas, faciles à trouver en DVD ou Blu-Ray, la Cinémathèque permet d’en visionner deux plus rares, chacun dans son genre un hommage à Hitchcock : son film de fin d’études, The Big Shave, montrant un homme qui se rase jusqu’à la mutilation, évocateur de la scène de la salle de bains dans Psychose. Et un film publicitaire réalisé pour les champagnes Freixenet, où il se met en scène dans une expérience de cinéma, tournant The Key to Reserva, un script incomplet de Hitchcock, à la manière du grand Alfred. Ils ont même réussi à y retranscrire les couleurs et la texture particulière des films de l’époque, ainsi que la musique et l’ambiance. Simon Baker, l’interprètre du Mentalist, y incarne le Cary Grant de service, tentant de percer le secret de la réserve. Spirituel et spiritueux font bon ménage (pour une fois).
En théorie, j’imagine qu’on peut visiter l’exposition en une heure. Si on ne regarde aucune vidéo et qu’on visite un jour de semaine quand il n’y a personne. Là, il y avait beaucoup de monde, donc ça circulait en serpentin le long des vitrines d’exposition, pour lire les légendes et aussi les commentaires écrits dans les marges des nombreux extraits de scripts, de story boards… Cette exposition intéressera plus particulièrement, évidemment, les vrais fans de Scorsese qui sont curieux de voir comment il travaille et quelles sont ses influences. Mais aussi tous ceux qui veulent en découvrir plus sur le travail derrière les films – préparations, recherche des lieux de tournage, collaborateurs spécialisés, etc.
La boutique est bien fournie en DVD et Blu-ray des films du maître, y compris ses documentaires sur le cinéma, ainsi que des livres. J’y ai même découvert que Side by Side, le documentaire sur la mutation de l’industrie du cinéma vers le numérique, avait enfin fait l’objet d’une édition en VF en DVD et Blu-ray, sous le titre « La Révolution Digitale », chez Passion Découverte.
Plus d’infos sur l’exposition dans le dossier de presse sur le site de la Cinémathèque.
Puisque j’étais là, j’ai visité le musée, un peu au pas de course vu que ça allait fermer et que sa collection permanente faisait un peu doublon avec le Film Museum de Düsseldorf que j’ai visité il y a quelques semaines : différents prédécesseurs du cinéma (théâtre d’ombre, boîte à images, projecteurs…). Quelques pièces cependant attirent l’oeil: la tête de Mme Bates dans Psychose, de nombreux costumes du Journal d’une Femme de Chambre, une reproduction du robot de Metropolis.
Informations pratiques :
Cinémathèque de Paris
51 Rue de Bercy, 75012 Paris
(M) ligne 6 et 14, station Bercy.
Exposition Martin Scorsese
Du 14 octobre 2015 au 14 février 2016
Tarif plein : 12 Eur.
Billet combiné avec le musée (que je vous recommande tant que dure l’exposition Scriptes) : 16 Eur.
J’hésite entre le contentement d’avoir au moins pu voir ce que ça donnait grâce à toi … et l’envie de me rouler en boule pour avoir manqué ça.
Et encore j’ai pas attaqué l’expo Scriptes 😉 J’ai pris trop de photos, ça va être long à dépiler… ;__;
Alors que Scorsese, vu que les photos étaient interdites, c’est pas très parlant…
« Se roule en boule et hurle à la mort »… J’attends avec impatience ton article sur l’expo Scriptes, je me ferais un plaisir de le reblogger je pense. 😉
J’ai vu que tu avais déjà reposté un article sur le sujet, sans doute plus complet que ce que je pourrai faire. L’expo Scorsese et ce que j’ai fait avant m’ont pris plus de temps que prévu, alors en gros j’ai passé l’heure qui me restait avant la fermeture du musée à prendre des photos d’à peu près tout plutôt que des notes ^^
ça peut servir d’illustration éventuellement… 🙂
Sinon tu peux demander le catalogue au papa Noël 🙂 Alors que pour l’expo Scriptes je ne crois pas qu’il y en ait un 😦
Ah ça c’est une bonne idée ! :p
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