(voici l’article qui se trouve chronologiquement entre :
et
J’apprends l’allemand (3)* : l’appli Duolingo )
Il n’y a pas si longtemps (mais pas cet été), j’ai suivi un stage intensif d’une semaine de cours d’allemand, dispensés par la Mairie de Paris dans le cadre de ses cours municipaux pour adultes. J’avais pris des notes. Pas que des cours, mais aussi de mes impressions au fil du temps, pour ce blog. Bienvenue dans Brazil. Pas Rio, le festival tout ça, hein. Non, plutôt le Brazil de Terry Gilliam, en tout cas pour la partie administrative.
L’inscription
Après m’être inscrite sur le site de la mairie de Paris, je reçois une convocation pour les tests préliminaires aux cours d’allemand auxquels ils m’ont dit que j’étais seulement en liste d’attente. Le principe, c’est que tu es convoqué le lundi pour un test de niveau de 9h à 10h30, et à 11h ils te disent si tu restes pour la semaine de cours ou si tu restes chez toi (ou, dans mon cas, si je retourne au travail). Comment vous dire… Ca rejoint un peu les organisateurs de concerts, cette manie de considérer que les gens intéressés n’ont que ça à faire de leurs journées, pas de préavis à donner pour prendre congé une semaine, ou autre contrainte de temps.
Il y a des gens qui ont un boulot et une vie, figurez-vous! Et qui ont autre chose à faire que s’organiser au dernier moment parce que vous êtes des brèles en organisation!
Pour continuer dans l’inorganisation, ils envoient une convocation en disant de répondre par retour de mail… Mais le mail est envoyé par un robot, et quand on répond ça dit que les réponses ne sont pas traitées. Champions du Monde!
Le jour dit : il y a presque autant de monde qui fait la queue que pour un concert de TH. Mais plus varié. (il n’y avait pas que des cours d’allemand).
Pour les tests de niveaux, c’est plus ou moins improvisé, car en fait les modalités de cette première année ont été imposées aux enseignants sans qu’on leur demande leur avis. Or vu le ratio prof / élèves potentiels, il est impossible de faire passer des tests écrits et de les corriger pour donner les réponses avant 11h. Au final, c’est donc à un exercice façon oral du bac qu’on est convié.
L’organisation de l’inscription est elle aussi à la française (triple peine car organisation par la mairie, avec personnel du lycée, et une communication entre les deux approximative). Il n’y a que 3 personnes pour remplir les fiches d’inscription (dont un qui n’était pas là mais s’est porté volontaire), plus deux qui les regardent et attendent qu’ils aient fini pour noter le nombre total d’inscrits (je suis passée à ça d’aller leur demander s’ils n’avaient pas un travail)…
Un seul des 3 qui fait les fiches a le droit de recueillir les paiements en liquide (nombreux). Je suppose que c’est le directeur. Il a une souche pour tracer les paiements reçus et donner un reçu en échange. Et quand la souche est finie, il faut qu’il aille en demander une autre à qui de droit. Le lendemain. Parce que le gars qui s’occupe du stock n’est pas là, et il ne pouvait pas en donner d’avance : ils doivent justifier qu’ils en ont besoin en montrant la souche vide de la précédente. Des fois qu’ils les mangent, les souches… (et après on nous dit que mais non mais non, l’administration française n’est pas aussi kafkaïenne qu’on le pense. Non effectivement : c’est pire).
Alors forcément, non les cours ne commencent pas à 11h.
L’organisation
Je ne sais pas si j’aurai fait des progrès en allemand d’ici la fin de la semaine. Par contre j’aurai des fessiers en béton: 2e étage sans ascenseur, avec des étages Haussmannien de 4m, et les seuls WC sont au RDC.
Les profs sont tous de langue maternelle allemande. Entre eux, ils parlent allemand, et ça me fait tout bizarre dans les oreilles. Mais au moins on sait qu’ils savent de quoi ils parlent (quoi que, de ce côté, mes profs de langue n’aient pas été nuls). Le matin, on a des révisions de bases écrites, et l’après-midi, essentiellement de l’oral. Bon, je fais partie des gens qui trouvent que bosser l’expression orale tant qu’on n’a pas de base, c’est totalement inutile passé un certain âge, et par là j’entends que je trouvais déjà ça totalement inefficace quand j’avais 15 ans. Alors maintenant que j’ai nettement plus… Ca me fait juste répéter 40 fois par cours les quelques mots que je connais. Niveau progrès, bof.
C’est la récré. Pardon, la pause. Comme tous les cours l’ont prévue à la même heure, il y a la queue aux toilettes (un seul bloc de 3 stalles côté pour un lycée entier). Mais comment font-ils quand le lycée est plein?…
Ah, ça braille dans la cour : c’est les résultats du bac. Vos gueules les jeunes!
La blague du début de stage: « L’avantage, c’est que comme ça finit à 16h30 et j’ai beaucoup moins de trajet pour rentrer chez moi, je pourrai faire plein de trucs le soir! ».
(spoiler : non, je n’ai pas réussi à faire beaucoup plus qu’en sortant du boulot à 18h passées)
Avoir un stage dont les cours finissent à 16h30, à côté du Forum des Halles en pleine période de soldes, c’est dangereux pour la carte bleue par contre…
Le public
Après le test du premier jour, on a été répartis par niveau. On est une classe de faux débutants. Il y en a qui sont plus débutants que d’autres, voire un peu mal comprenants, ce qui est plus gênant.
On m’a demandé en fin de journée si je voulais passer dans la classe du dessus, mais eux sont au niveau intermédiaire et ont demandé que les prochains cours soient d’un niveau au dessus que celui prévu par les profs. Vu tout ce que j’ai à ré-apprendre des bases, je vais rester là…
C’est vrai que c’est mal de juger les gens sur les apparences. Néanmoins, il y a plein de fois où celles-ci se confirment. Par exemple, le chevelu barbu a pour hobbies sortir et voyager en Amérique du Sud avec des amis, il fait des photos en noir et blanc. Et incidemment c’est le seul à arriver en retard tous les jours. Et qui a arrêté de venir en milieu de semaine sans prévenir.
Je craignais un peu de tomber sur des cassos (cours municipaux pas chers oblige), mais dans l’ensemble non, c’est plutôt profession libérale / ingénieur / étudiant. Je pense que l’allemand n’attire guère le cassos (trop compliqué).
Il y a une architecte qui passe un doctorat en philosophie, et dit que ce sont des domaines proches. Soit la philo de niveau doctorat est très différente de mes cours de terminale, soit j’ai une piste qui expliquerait les délires de connarchitectes… A partir du moment où tu prends ce que tu fais pour de l’art conceptuel et tu oublies qu’il s’agit avant tout de garder les gens au sec et d’installer de la tuyauterie, on est dans la merde… (au sens propre comme au figuré).
(P.S. : après avoir abordé le sujet avec elle, beaucoup d’incongruités architecturales trouvent leur origine dans les nombreux intervenants ayant droit au chapitre et devant valider les projets, entre les réglementations contradictoires française et européenne, les desiderata des uns et des autres, et le budget final. C’est comme ça qu’on se retrouve avec une gouttière horizontale qui éjecte la flotte à 2m d’une école… sur le trottoir. Kafka, le retour)
Mon problème…
Ma mission: arriver à la fin de cette semaine d’allemand sans me trahir. Alors non, je ne suis pas intéressée par l’allemand à cause de Tokio Hotel (surtout que je commençais déjà à m’en détacher quand j’ai commencé les cours). Néanmoins, ça aide.
Quand tu es fan de TH et qu’en stage d’allemand tu ne te souviens plus comment on dit « Liberté« … Fan indigne.
Quand un collègue d’allemand te demande si le mot Glück tout court existe au lieu de l’adjectif Glücklich et que tu ne sais pas lui répondre. C’est pas comme si c’était dans un titre de chanson… Fan indigne, bis.
Par contre, pour fliegen, laufen, toll, ça aide bien…
Devoir pour demain : ramener une photo de vacances pour en parler en classe. Bon. Déjà, ne pas prendre une photo d’un voyage lié à un concert…
Autre problème : je n’imprime jamais mes photos. Donc ce soir il va falloir que j’en sélectionne une et que je l’imprime sur mon imprimante, qui fait un boulot correct sans plus… Et que je trouve quoi dire dessus sans me griller. Déjà que ce matin on a dû parler de nos hobbies… « Je stalke des groupes improbables de par le monde et c’est ma joie. Et puis je les snobe. » Non? Non, alors des trucs bien ennuyeux et bateau comme « me promener, voyager, visiter des musées ». Je sais même déjà dire « exposition » en allemand, grâce à mes voyages, dites donc! (Ausstellung).
Se porter volontaire pour une lecture de dialogue parce que le personnage s’appelle Iliana : check (cf Illyana dans les X-Women de ma jeunesse).

Magik par Travis Charest
Je fais le désespoir de la prof de l’après-midi parce que, malgré mes 5 ans d’allemand au collège / lycée, je suis presque aussi nulle que ceux qui en ont fait un an. Ouais mais un an cette année, c’est pareil que 5 ans il y a longtemps!
Bilan de la semaine
Je verstehe un peu mieux l’oral, on a revu toutes les bases grammaticales et du vocabulaire de base, et je m’endors avec des mots d’allemand qui se télescopent dans ma tête. Une de mes profs m’évalue au niveau « intermédiaire », l’autre estime que je dois passer l’examen pour voir si je ne passerais pas en Avancé 1 (à condition de bosser un peu cet été). On va essayer ça… Je verrai si d’ici la rentrée j’ai réussi à bosser un tant soit peu…
P.S. : Spoiler : non, je n’ai pas réussi. Du coup l’année d’après j’ai continué sur ma lancée. Et quand je n’ai pas pu me réinscrire, je suis passée à Duolingo.
Je vais en rester à Duolingo, du coup, parce que ce genre de formation mal fichue,….bof…
(enfin, Duolingo, c’est pas mal: j’ai révisé mon espagnol, je progresse bien en allemand et tranquillement en portugais)
Je pense que le fait que ce soit la 1e fois qu’ils en faisaient sous ce format n’a pas aidé. Et je ne peux pas me plaindre des profs, ils étaient bien. Vraiment, j’ai eu l’impression de faire plus de progrès en 1 semaine qu’en 3 mois de Duolingo…
C’est plus le cadre et l’organisation qui me faisaient criser (et faisaient aussi criser les profs).
Après ça, j’ai suivi un an de cours du soir par la Mairie aussi, même constat : profs très bien, progrès réels. Par contre, niveau orga côté école : on n’avait pas le droit d’entrer avant 18h30. Une fois entrés, pas le droit de SORTIR de l’établissement avant la fin du cours (20h30), pour une histoire incompréhensible de sécurité…
Ca m’a rappelé à quel point l’éducation nationale infantilise tout le monde…
Ah par contre, fallait pas non plus qu’on déborde de 5mn sur l’horaire sinon pan sur les doigts.
Moralité, sur 2h de créneau, le temps que tout le monde entre à partir de 18h30, et grimpe les 2 étages et s’installe, et qu’on soit tous partis à 20h30 pétantes, on bossait 1h45 max.
Et cerise sur le gâteau : on nous a dit de venir absolument le dernier jour pour que la directrice tamponnen nos cartes comme quoi on avait bien validé l’année… sauf que finalement, c’est elle qui n’était pas là. Elle était en grève. Et elle n’avait pas averti les profs qui faisaient les cours du soir.
Sympa la conscience professionnelle…
Sinon paraît que le Goethe Institut c’est très différent, plus soutenu (et mieux organisé)… mais 3-4 fois plus cher.
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