Auto-édition en questions (4) : J.L. Treuveur (Theriantropia)

On se retrouve avec déjà le 4e rendez-vous mensuel d’interviews sur l’auto-édition. Aujourd’hui, c’est au tour de J.L. Treuveur, auteur de la saga de fantasy Theriantropia.

Encore une démarche différente des précédents, avec la construction de tout un univers dans une saga déclinée en 5 tomes principaux, et en « mini-aventures » (parution du 1er tome pour enfant dans le courant du mois), accompagné d’illustration et même de playlists pour l’ambiance sonore. Et une distribution essentiellement sous forme papier et non numérique, ce qu’on pourrait penser rare de nos jours. Mais qui rejoint, dans son optique de trouver son public lors de salons, celle de Fred Marty.

Si je dois trouver un point commun aux 4 auteurs déjà interrogés, c’est qu’ils donnent raison à l’adage comme quoi le principal secret, pour écrire, c’est… de s’y mettre! Non que cela suffise, mais c’est le premier pas indispensable. Car avoir des idées est moins facile qu’arriver au bout de leur concrétisation sur le papier, et il faut de la rigueur et de la persévérance pour obtenir un résultat, la somme de travail étant considérable.

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L’AUTEUR

1) Peux-tu te présenter en tant qu’auteur?

Je m’appelle Jessica. Je suis auteur indépendante de la saga Fantasy Thérianthropia.

2) Publies-tu sous ton vrai nom? (tu n’es pas obligée de donner le vrai si c’est le cas 😉 )

Je publie effectivement sous mon vrai nom, puisque je me nomme Jessica Treuveur. Le pseudonyme J.L. Treuveur est un hommage à mon arrière-grand-père Maurice Liesta que je n’ai guère vraiment connu (puisqu’il est décédé lorsque j’avais trois ans), mais qui a laissé en moi la passion de l’écriture. Il écrivait des poèmes et des romances d’une plume délicate et talentueuse ; des manuscrits non édités que je conserve précieusement. Et ma volonté à réaliser mon rêve d’enfant est une pensée profonde pour lui.

3) As-tu aussi été éditée dans le circuit traditionnel?

Avant de me lancer dans l’édition indépendante, j’ai envoyé quelques manuscrits de mon premier tome de Thérianthropia à de grandes maisons d’édition comme Albin Michel, Gallimard, Acte Sud ou Bragelonne. Mais j’ai rapidement compris que ce n’était qu’une perte de temps lorsque j’ai reçu ma première réponse d’Albin Michel qui expliquait que j’avais un talent certain pour l’écriture, mais que le « genre » de mon œuvre n’était pas ce qu’il recherchait. J’ai donc décidé de créer ma chance comme j’avais créé mon « genre » littéraire, car il s’avère effectivement que Thérianthropia n’est pas une fantasy traditionnelle et qu’elle a son propre style. Un style éclectique et psychologique ; particularité qui joue aujourd’hui à mon avantage puisque mon public est très général, Thérianthropia arrivant à séduire même des non-adeptes du genre fantasy.

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LES OEUVRES

1) Quelles sont tes oeuvres autoéditées ?

Concernant mes œuvres, Thérianthropia est une pentalogie, une saga Fantasy en cinq tomes et qui se compose comme suit :

1 – La Boîte

2 – Le Sceptre de Pan

3 – Le Cœur de Glace

4 – La Larme d’Aphrodis

5 – L’Armure Philosophale

Chaque tome de Thérianthropia est très différent du précédent par son symbolisme, son ambiance et son histoire, parce que si le premier tome relate la trame de base qu’est celle de Jessie Wood, une dryade sensible et perdue qui marche sur le chemin de son identité avec pour quête de retrouver sa Boîte mystérieuse, elle n’est que le noyau d’une communauté de personnages d’importance égale qui suivent tous leur propre destinée.

Ainsi, le second livre redéfinit sa base sur le Fantôme noir dans une ambiance plus impulsive, sanglante et vengeresse. Le troisième livre continue avec l’Héritère de glace sur une île extrême dans un climat très froid, figé, mais où paradoxalement l’émotion romantique est à son comble. Le quatrième livre croît en intensité émotionnelle et sensuelle sur des îles de profondeur qui peut induire une notion de régression mais qui est, paradoxalement, source d’évolution. Quant au cinquième livre, il sera, à l’image des quatre tomes qu’il clôture, une explosion d’émotions entre ombre et lumière, un équilibre aux pôles contraires intenses et complémentaires. Car il est la finalité d’un long travail psychologique qui ne trouvera son dénouement que dans la puissance des valeurs que la saga délivre.

2) Quels sont tes projets ?

Je travaille actuellement sur plusieurs projets :

Je corrige le tome IV de Thérianthropia afin de finaliser son édition.

Je rédige le cinquième tome de Thérianthropia pour une sortie prévue en 2018 ou 2019 (selon progression).

Je suis également en train de créer une série de cinq mini-aventures Thérianthropia destinée aux enfants, petits et grands, en parfaite corrélation avec les gros volumes. Une série de livres que les lecteurs de la saga initiale pourront aussi lire pour en apprendre davantage sur le passé des protagonistes centraux, puisque les histoires des mini-aventures sont basées sur l’enfance même des personnages de Thérianthropia. Ce projet est né de mon désir de contenter les enfants qui me demandent s’ils peuvent lire la saga et qui sont encore, selon moi, trop jeunes pour en comprendre tout le sens. Il est aussi une occasion, pour moi, de m’octroyer un temps de « récréation » au travers de mon travail très intense sur les gros volumes. Et surtout, c’est une opportunité merveilleuse d’immortaliser une collaboration qui me tenait très à cœur avec ma maman. En effet, son expérience en école maternelle depuis plus de trente ans et son éducation sont pour moi des valeurs sûres, et sa créativité d’artiste est une source de complémentarité et d’authenticité par les illustrations qu’elle a accepté de gérer sur le projet.

Therianthropia - mini-aventure

Therianthropia – mini-aventure

 

En parallèle, à ce projet  « enfant », je suis en train de concevoir un lexique complémentaire et un jeu de sept familles Thérianthropia.

J’ai, à la suite, de Thérianthropia, des projets différents, dont une romance et un thriller psychologique démarrés, et une fan-fiction sur le thème des Comics prévue à quatre mains.

4) Dans quelle(s) catégorie(s) tu les situes? (Fantastique, science-fiction, polar, romance…)

Thérianthropia est avant tout une saga Fantasy, mais d’un genre très complet. Aussi, tous les aspects y sont travaillés, que ce soit l’imaginaire, la romance, le suspens, l’horreur…).

L’ÉCRITURE

1) Quelles sont tes méthodes de travail? Tu te fixes des deadlines, des objectifs?

Je n’ai qu’un impératif : sortir un roman tous les ans, au moins, afin de ne pas faire languir mes lecteurs fidèles. Pour le reste, j’ai une rigueur très naturelle qui s’appelle la passion.

2) As-tu suivi des MOOC ou des formations pour peaufiner ton écriture?

La seule formation de l’écriture que je puisse me targuer de posséder est un passé très riche, en lectures comme en expériences vécues.

3 Est-ce que tu « fais » le NaNoWriMo »? Ou d’autres challenges d’écriture en commun?

Je ne connais pas trop le concept d’écriture collective. J’imagine que c’est une source de motivation pour beaucoup. Personnellement, j’ai l’habitude de la solitude, et ma volonté est telle que je n’ai besoin d’aucune motivation externe pour avancer. Alors, je suis mon propre challenge.

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LA MISE EN FORME

1) Comment as-tu trouvé tes illustrateurs (-trices en l’occurrence)?

Je travaille aujourd’hui  avec trois illustratrices tout aussi méconnues que je le suis et dont le travail discret mais passionné s’accorde parfaitement au mien. Loriane Viriot qui réalise mes couvertures sur les gros volumes et qui est, à la base, originaire de ma région. Sandra Charlet qui réalise mes couvertures sur les mini-aventures et dont le travail m’a séduite sur Twitter. Et Véronique Treuveur, ma maman qui illustre l’intérieur des mini-aventures avec des dessins authentiques et affectifs.

2) Tu avais une idée précise de ce que tu voulais comme couvertures?

Oui. J’avais une idée définie, car j’ai un côté très perfectionniste qui analyse le moindre détail. Il était, pour moi, essentiel de créer une harmonie de l’ensemble avec une présentation semblable pour toute la saga, mais des codes appropriés à chaque livre par rapport à son histoire.

Ainsi, le premier plan est le protagoniste dont le destin mène la trame. Faire ressortir mes personnages était une manière certaine de présenter la profondeur humaine et psychologique de Thérianthropia, puisque les personnages bien qu’imaginaires ont une consistance très réaliste. Tous ont leur importance, leur rôle, leur histoire, leur destin et il était donc aussi important pour moi que le lecteur puisse en avoir quelques-uns dans sa bibliothèque sans se contenter d’une série de livres où le « héros » se pose systématiquement en narcissique sur la couverture.

L’arrière-plan, quant à lui, en révèle beaucoup sur l’ambiance. Décors, couleurs, tout a une symbolique très forte, avec « l’objet », accordé au personnage qui est aussi un élément essentiel de l’intrigue.

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DIFFUSION PAPIER

1) As-tu essayé l’auto-édition format papier?

Thérianthropia est essentiellement disponible en format papier. Je suis moi-même une amoureuse de l’authenticité, des couleurs éclatantes de la couverture, du papier bouffant sous les doigts, du son des pages qui se tournent, du parfum des livres usés…

2) Si oui, avec quel (s) imprimeur(s)?

Je travaille avec l’imprimerie Aquiprint.

Une imprimerie française et écologique, labellisée Imprim’Vert, car il était impératif pour moi de choisir une société partenaire dans le respect de l’environnement.

3) Pour la distribution, tu gères tout seul chez toi, ou tu as un intermédiaire?

Je suis auteur, éditrice, négociatrice et commerciale. Je gère tout de la création à la distribution.

J’ai donc à la base un Site Officiel : http://therianthropia.weebly.com/ où l’on peut commander directement mes livres chez moi.

J’ai aussi des points de vente recensés (au fur et à mesure) sur le site, travaillant en partenariat avec des librairies que je démarche lentement au cas par cas. Car gérer les stocks, lorsqu’on travaille en solitaire, n’est pas une mince affaire.

4) Tu nous postes une photo du résultat?

JL Treuveur en dedicace

Ca c’est du stand !

 

DIFFUSION NUMÉRIQUE

1) As-tu essayé plusieurs plates-formes en ligne (gratuites ou payantes)? Si oui lesquelles?

J’ai lancé Thérianthropia sur Amazon en version numérique par pure curiosité et sans conviction. Seulement le tome premier, car le concept ne me plaît pas vraiment et je trouve mes lecteurs en dehors de la zone numérique. Aussi, je privilégie davantage l’aspect humain de la vente et laisse œuvrer le bouche-à-oreille.

LA PROMOTION

1) Quels canaux utilises-tu pour faire connaître tes œuvres? Réseaux sociaux, festivals, autres?

Voici la partie de mon travail la plus compliquée pour moi. La promotion. Car je suis plutôt encline à rester dans l’ombre et à fuir l’exposition sociale.

J’ai, avant tout, mon Site Officiel. Et j’ai plusieurs réseaux liés au site.

Une page professionnelle Facebook que j’alimente régulièrement, mais dont l’audience est  faible. Je la conserve uniquement parce que des lecteurs fidèles la suivent.

Un compte Twitter, bien plus actif et intéressant, avec une communauté de créatifs et de professionnels ouverts à l’échange et à l’entraide.

Un compte Pinterest pour diffuser « l’image» de Thérianthropia et un compte YouTube pour diffuser les playlists du synopsis musical de la saga disponible sur le site.

Les réseaux sociaux sont, certes, un moyen de communication non négligeable, mais ils sont assez traîtres dans le concept d’échanges et de popularité. Car la plupart des suivis sont en réalité des « fantômes » ou des « chantages ». J’ai donc une politique incorruptible dans cet univers, c’est que je refuse catégoriquement le système d’obligation induit par « le retour ».  En clair : « qui m’aime me suive et qui j’aime, je suis » (pas de like ou follow back !). Je ne construis pas ma popularité sur du vent et cela, lorsqu’on veut rester objectif sur sa réussite, c’est important.

Ainsi, les réseaux n’étant qu’un support complémentaire (qui dans mon cas, ne m’apportent pas de nouveaux lecteurs, mais plutôt m’aident à informer les lecteurs acquis IRL), je favorise plutôt les séances de dédicaces en librairies, salons ou festivals. Les rencontres restent le moyen de promotion le plus intéressant, d’un point de vue humain comme professionnel. Et si je me contente de promouvoir Thérianthropia principalement dans sa région natale, j’espère à l’issue du cinquième tome avoir un peu plus de temps pour promouvoir ma saga hors de ma zone de confort !

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Merci à Jessica pour ses réponses. J’espère que cette interview vous aura aussi permis de découvrir son univers et ses déclinaisons.

11 réflexions au sujet de « Auto-édition en questions (4) : J.L. Treuveur (Theriantropia) »

    • Merci 🙂 Je me posais plein de questions et je me suis dit que je ne devais pas être la seule. Par contre, plus je lis les réponses et plus je me rends compte du boulot à faire en plus de l’écriture, et moins j’ai le courage XD

  1. En fait gérer sa promo pour un auteur auto-édité c’est un peu la même chose que pour un blogueur ^^ ! J’ai lu quelques romans auto-édités, certains excellents, d’autres moins bon. Mon frère avait travaillé chez In libro veritas, qui soutient l’auto édition mais ça a fermé.

    • Oui, il y a de ça, malheureusement la promo c’est l’aspect du blogging qui me plaît le moins. Du coup, ça relativise grandement mes envies de m’auto-éditer.

      • Je comprends. Mais après si on écrit et que ce n’est lu par personne il n’y a pas trop d’intérêt ^^ ! En tout cas bon courage si tu veux publier =)

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