On peut se demander parfois comment certains groupes, comme Metallica, parviennent à rester au sommet et continuer de remplir des salles comme Bercy (2 dates d’affilée, hier et demain), après 36 ans de carrière et malgré des critiques pas toujours élogieuses sur leurs albums plus récents.
A ceux-là, Metallica a apporté la réponse hier :
– une setlist alternant les standards du groupe (Master of Puppets, Enter Sandman, Nothing Else Matters…) et des chansons du nouvel album « Hardwired for Self-destruct » (fort appréciés des habitués d’après les commentaires) afin de contenter tout le monde.
– une scène centrale, bien conçue pour que tout le monde voie, et sur laquelle les musiciens prennent grand soin de circuler pour échanger avec chaque coin de la salle.
– une énergie débordante et positive dans le partage avec la « Metallica Family« , comme l’appelle à plusieurs reprises James Hetfield, le chanteur, avec le batteur Lars Ulrich qui passe presque plus de temps debout qu’assis.
– un show très professionnel dont les trouvailles visuelles (écrans suspendus projetant vidéos et effets lumineux, plus un peu de pyrotechnie et des mini-drones sur Moth Into Flame pour représenter le ballet des lucioles) n’empiètent pas sur le côté rough de « 4 mecs sur scènes qui bourrinent leurs instruments » – un peu le coeur de métier de ce type de musique, avouons-le.

Une des nombreuses variations du mur d’écrans
– un public debout dès les premières notes de l’intro emblématique d’Enio Morricone (Ecstasy of Gold), et qui ne s’est plus rassis. Il faisait très chaud dans la salle pleine comme un oeuf…
– un petit clin d’oeil au public français quand Kirk Hammett (guitariste) et Robert Trujillo (bassiste) se font un petit interlude seuls en scène en duo, pour jouer quelques riffs de ‘Antisocial‘ de Trust – aussitôt reconnu et entonné par une partie du public.
– distribution de mediators par gobelets entiers à la fin du spectacle, pendant le long au revoir au public. Lars a choisi les fans à qui il a tendu ses baguettes, attendant patiemment que ce soit les bons qui tendent le bras (sans doute des jeunes, je n’ai pas vu). C’est anecdotique, mais c’est représentatif pour moi de la générosité du show et du groupe envers leur public.
– une « drum battle » où chacun des 4 membre a tapé sur son cube, je ne dirais pas quels concerts ça m’a rappelé pour ne pas donner de crise cardiaque aux metalleux qui liraient ces mots.

Le salut final de Metallica au 5th Member (le public)
A un moment, James Hetfield a demandé de lever la main, d’abord aux gens qui assistaient à un de leurs concerts pour la première fois (j’en fus), et ensuite aux autres (une large majorité, à 90% au moins je dirais à vue de nez). Aux premiers, il a dit bienvenue dans la Metallica Family (appelée aussi le 5th Member dans la communication du groupe). Aux seconds, il a exprimé la gratitude du groupe : « We appreciate that ».
J’ai envie de dire que les actes parlent autant que les mots, et que ça se voit qu’ils ne tiennent pas leur public pour acquis. Plus de 2h de show par soir, en variant les setlists pour éviter la lassitude des musiciens, sans doute, mais aussi des spectateurs qui font plusieurs dates. Respect, chapeau bas, en tant que spectatrice je peux répondre que « we appreciate that, too ».

Bonsoir, James!
Quand on a une salle qui ne reprend pas tous les morceaux par coeur, il y a en gros 3 types de réaction d’artistes :
- L’angoissé qui va se dire qu’il fait une performance moisie et que c’est sa faute, et qui tire la tronche.
- Certains (ça s’est vu) vont se vexer d’un public qui ne chante pas assez, et faire la gueule et le service minimum, voire va engueuler le dit public.
- D’autres, comme ici, vont comprendre qu’il y a beaucoup de spectateurs « casual » (non-fans), venus par curiosité, ou parce que le groupe a atteint une notoriété suffisante pour qu’on se déplace afin de « voir ça ». Et qui, au lieu de se vexer, y voient l’occasion de transformer en nouveaux fans ces spectateurs d’un soir, en leur présentant un show impeccable et en les incluant dans leur bienvenue. Ce qui est, avouons-le, nettement plus intelligent…

The Metal Master inspecte ses troupes
The Fox God led us to the Metal Master…
James Hetfield ne manque pas d’humour ni d’auto-dérision non plus : à un spectateur (trice? Je ne voyais pas, mais vu qu’avant il/elle a dit « I love you », peut-être une fan) qui lui disait que son fils s’appelait James, il a ajouté « Au début, j’avais entendu que c’était ton chien qui s’appelait James. Mais ce serait cool aussi ». A un autre jeune spectateur, il a parlé un certain temps, demandant son âge (12 ans) et lui disant que quand lui avait 12 ans, il n’était pas au premier rang d’un concert de Metallica (ben oui, en même temps, Metallica n’existait pas, du coup, à l’époque…). Et que le gamin avait un père cool. En voilà un qui a gagné des points pour la crise d’adolescence.

Du fan-art projeté sur les écrans
(le détail Fan Actuel : sur une des chansons, les cubes affichaient des portraits dessinés du groupe, qui sont sans doute l’oeuvre de fans à qui ça a dû faire plaisir).
En résumé : j’ai vu Metallica en concert, et je comprends maintenant pourquoi ils sont culte.
(je dédie cet article à Isa la Rousse et à son viking, qui ont loupé le concert pour une excellente raison, mais qui l’ont loupé quand même. En espérant que ça vous permettra de le vivre un peu par procuration)
Quelques vidéos
The Day That Never Comes
Quand tu crois qu’ils font faire un interlude un peu plus calme et que en fait, pas vraiment…
Moth into Flame
James Hetfield a introduit cette chanson en disant qu’il voulait parler de la nouvelle drogue, la gloire, et que ça a l’air cool et tout, mais que la gloire est un assassin (fame is a murderer). Spécial dédicace.
Nothing Else Matters
Pas la peine de présenter celle-là, je pense. On y note que James Hetfield a une belle voix assez peu mise en valeur hélas sur scène.
Première partie : Kvelertak
C’est le groupe norvégien Kvelertak qui avait la lourde tâche de chauffer la salle avant l’arrivée des icônes. Enfin, lourde… le public était déjà chaud bouillant en route pour la salle, alors le temps que Kvelertak arrive, ils auraient pu jouer de la musette que ça n’aurait pas fait retomber l’ambiance. Néanmoins, c’est en arborant un hibou sur la tête que le chanteur a commencé sa performance.
Err… C’est… original?
Sinon, musicalement, ben c’est du metal. Du pur metal. Dont néanmoins j’ai bien apprécié ce morceau, 1985 :
Post-scriptum matérialiste
Et sinon, c’était la première fois que je voyais l’intérieur du Palais Omnisport de Paris Bercy depuis qu’ils l’ont refait (en partie parce que cette salle m’a souvent déçue). Et ma foi, à ma grande surprise, ils ont fait du bon boulot. Les parties de circulation avec les commodités (stands de merchandising, nourriture, toilettes etc) font nettement plus propres et sont plus pratiques – surtout les petits comptoirs pour se sustenter un peu avant le concert. Et les stands de nourriture sont plus variés et permettent de manger autre chose que des sandwichs goût carton. J’ai l’impression qu’ils ont augmenté aussi le nombre d’escaliers tout en augmentant le nombre de sièges. Et quand, comme c’était le cas ici, la scène est au milieu de la salle, on voit enfin bien depuis les gradins. Ce qui, je crois, ne m’était jamais vraiment arrivé à Bercy… (bon, il faut dire que ma place était plutôt bonne. Mais l’aurait été moins dans l’ancienne configuration).
Pour la peine, je vais peut-être concéder de l’appeler l’Arena maintenant. Non, pas le nom complet, c’est trop long.
Le détail amusant : « par décision des organisateurs du concert, la vente de bière durant le concert sera interdite. N’hésitez pas à anticiper vos consommations! ».
Ca s’est assagi, quand même, avec l’âge… (enfin sinon, ils ne seraient plus sur scène, ou pas en si bon état…)
Ça fait plaisir de voir Hetfield et cie en aussi bonne forme. (Ça n’a pas toujours été le cas)
Un groupe que j’ai vu ..à Bercy il y a + de 20 ans…💞💞💞
Bon, je suis rassurée pour ce Bercy/Arena après travaux.
Merci pour cet article.
Oui, j’imagine que comme beaucoup de groupe de cette génération ils sont passés par des phases moins glorieuses et moins saines… mais à un moment, si tu veux éviter de clamser en scène à 45 piges faut se calmer ^^ Là ils avaient l’air bien, et de bonne humeur, le genre de groupe qui fait plaisir à voir parce qu’ils ont l’air heureux d’être là.
Oh ta dédicace me touche beaucoup !
(Les hormones me titillent encore visiblement 😁)
Merci pour cet article très détaillé qui nous a bien plu, au Viking et moi!
Bon dimanche !
De rien, si ça peut faire plaisir ! Entre le prix des places et le fait qu’elles se soient vendues très vite, il y a eu beaucoup de fans qui n’ont pas pu y assister. 🙂
Ce sera pour dans 5-6 ans avec ptit bidule devenu (un peu) grand 😉
Je dirai que ça fait pas mal de temps déjà qu’ils se sont assagis… Je repense à leur concert que j’avais vu en DVD avec l’orchestre symphonique par exemple. Je les ai vu en concert dans les arènes de Nimes en 2009, c’était vraiment dingue, et déjà là on sentait une voix moins puissante de la part de James Hetfield, ça m’avait donné les larmes aux yeux de comprendre que toutes les grandes choses sont éphémères ^^
Ils ont assaini leur vie perso pour pouvoir assurer physiquement des performances de 2h et qq très physiques, je dirais. Musicalement, ce n’est pas assagi par contre 🙂
Je ne peux pas juger si la voix de Hetfield a perdu en puissance, vu que c’était la 1e fois que je les voyais en live. C’est peut-être un choix de balance son, ou plutôt qu’il avait des petits pb de voix vendredi (il m’a semblé avoir la voix qui se coinçait sur qq notes). Mais oui… rien n’est éternel, c’est pour ça que je voulais les voir cette année. Vu comme la Faucheuse a l’air de bosser à la chaîne en ce moment… et que même sans ça, l’âge se fait sentir pour tout le monde.
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