Guide : un concert de Babymetal au Japon

Petit guide à l’intention du gaijin paumé qui wakarenai le nihongo, mais qui tenterait bien l’aventure pour voir son groupe préféré dans son pays d’origine (valable aussi pour d’autres groupes nippons, a priori). (c’est à dire ce que j’aurais aimé lire avant de partir histoire d’apaiser la control freak en moi)

Un concert de Babymetal au Japon, c’est comment ?

C’est extrêmement bien organisé. Déjà, je trouvais les avant-concerts de Tokio Hotel très bien organisés quand c’était les VSD Hamburg qui s’en chargeaient (maintenant avec leur nouveau staff… not so much). Mais là, on atteint un autre niveau.

Première étape : les billets

La mise en prévente des billets réservée aux fans s’est faite par tirage au sort, déjà expliquée dans un article précédent. Ensuite, les billets restants étaient proposés en vente « normale ».

Pour le retrait des billets, c’est à faire le jour même, au guichet, muni de la copie de la confirmation de votre commande et d’une pièce d’identité (et de la carte qui a servi à la commande, d’après le mail envoyé pour expliquer les modalités de retrait, mais dans les faits, ils ne la demandent pas). Le personnel parle assez bien l’anglais pour la tâche.

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Il est précisé que personne d’autre ne peut retirer les billets, même muni des pièces ci-dessus. Il ne faut pas avoir d’empêchement. Il est aussi précisé que les billets sont nominatifs et qu’ils vérifient à l’entrée, mais vu que je n’y ai pas eu droit, je suppose que ce n’est vrai que pour les billets en fosse (mosh’sh pit dans le jargon Babymetalien, version soft du mosh pit). En effet, celui-ci est réservé aux membres The One, qui doivent donc présenter leur « carte de membre » (ou copie d’écran, telle que représentée ici au-dessus à gauche du panneau) en sus des autres éléments.

Pour les désespérés qui cherchent une place au dernier moment : il faut suivre sur Twitter les « big name fans » qui sont sur beaucoup de concerts, comme Papimetal, ou regarder les communautés de fans. La vente étant censément interdite, ça se passe par réseau et sur place après retrait des places. Donc il faut demander à la cantonade. C’est facilité par le fait que, les concerts étant souvent le week-end, les fans se regroupent sur place même sans faire la queue, juste pour papoter. Et que les fans de Babymetal sont franchement sympa. Le matin du concert, après une semaine à me sentir quand même décalée à 10 000 km de chez moi, j’arborais un T-shirt BM dans le métro (il faisait encore chaud). Je commence à croiser plusieurs fans qui comme moi en portaient, et aussitôt, d’un bout à l’autre d’une rame, ou d’un quai, on a échangé des sourires et des signes du renard. D’un coup, je me suis sentie chez moi…

A savoir : beaucoup de fans viennent les bras chargés de petits cadeaux « babymetalisés » faits main. La prochaine fois, je ferai de même pour avoir quelque chose à leur donner.

Les goodies et l’avant-concert

Ça, c’était la partie facile. Parce qu’après, il y a la queue pour le merchandising. Si. Si les fans de Babymetal font la queue, ce n’est pas pour l’accès à la fosse, mais pour les stands de merchandising. « Gu dzu » en katakana (pour « Goods »).

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Avant même d’arriver à l’île du château d’Osaka, y’a la queue…

Ceci pour plusieurs raisons :

– les articles changent à chaque tournée, voire set de concerts, voire pour un unique concert s’il s’agit d’un événement exceptionnel, comme la 1e partie de Metallica à Séoul. Ce qui reste est mis en vente des semaines ou mois plus tard sur le site, mais ça reste des quantités limitées qui partent généralement aussitôt en ligne. Heureusement, on reçoit un mail quelques jours avant, indiquant quels articles seront mis en vente avec le jour et l’heure (no comment). Une manne pour les collectionneurs… et les maisons de disque.

– ‎certains s’arrachent vite. Ici, sur cette série de 4 concerts, c’était les chaussettes à motif de tibia qui étaient déjà en rupture de stock avant même le premier concert d’Osaka.

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Qui continue sur l’autre rive devant la salle de concert, le Osaka Jô Hall

– ‎comme il y a plus de candidats que de places de concert, et que tout le monde ne peut pas venir non plus pour des raisons d’argent, de congés… certains fans achètent sur commande de ceux qui n’ont pas pu venir. Chose facilitée par la publication de la liste et des prix des goodies en amont du concert par le site officiel. D’où une limite de 2 exemplaires de chaque article par personne. Il y a bien des groupes que ça ferait rêver… Sachez, messieurs et mesdames les zartistes, que nous autres fans AUSSI, on en rêve, que vous soyez aussi organisés afin de nous faciliter les choses 😛 Bande de pignoufs amateurs!

– ‎Enfin, il n’est pas très utile de faire la queue pour la fosse pendant 3 jours, puisque celle-ci est divisée en blocs et que votre billet vous assigne un bloc en particulier…

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La file aller… et retour…

Curieusement (je ne sais si c’est courant ou juste à cause d’une configuration du Osaka Jo Hall où se déroulaient ces concerts), les stands de goodies sont alignés dehors près des portes. Pour conserver l’effet d’exclusivité qui donne sa valeur au merch (avec le fait que ce soit personnalisé à quelques concerts et donc un souvenir plus spécifique de l’événement), ils limitent l’achat aux seuls possesseurs de billet. Donc on tamponne votre billet (pour que vous ne passiez qu’une fois) et on vous donne un jeton jaune. Il faut donner ce jeton au stand au moment de faire vos emplettes. Pour le cas où certains voudraient 2×2 paires de chaussettes squelettes en passant à 2 stands différents, en douce…

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Ayé, on arrive enfin en vue des échoppes de merch’!

Cela va sans dire, mais ça va mieux en le disant : au lieu de la foire d’empoigne des concerts d’ici où il faut batailler 15mn à celui qui pousse le plus fort pour atteindre le comptoir et se faire servir, ici tout se passe comme dans un supermarché : une file d’attente unique canalisée par des barrières (qui passe devant un portant permettant de voir les différentes tailles du hoodie), qui se sépare pour se répartir sur la douzaine de stands. Ils ont même prévu des plaquettes pour que les gaijins désignent ce qu’ils veulent dans le brouhaha.

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Monsieur Pikachu (un habitué), les bras chargés de merch

Un petit stand à part (et ouvert à tout le monde) vend les CD, DVD et Bluray du groupe. Histoire de compléter sa collection sans enrichir ces escrocs de DHL.

De l’autre côté de l’esplanade, d’autres  bâches protègent ce qui semble être un vestiaire pour ceux qui vont dans le mosh’sh pit.

Tout ceci ouvert dès le début de l’après-midi, ce qui laisse le temps de faire ses achats, d’aller les déposer à l’hôtel et de revenir les mains libres pour le concert… Le bonheur.

Le secret de la vente? Faire des produits qu’on ne regrette pas d’avoir acheté (mon hoodie bien chaud m’a servi dès le lendemain), et arrêter de compliquer la vie de votre client! 

bord d aile de merle

La salle

A l’ouverture des portes, c’est donc dans un calme d’excitation contenue que les 16 000 fans avancent au pas sur les différentes files. Un officiel au porte-voix explique où se mettre en fonction de si on va dans le « moshushu pitto » ou le « moshushu sitto » (mosh’sh sit, les gradins quoi), en Japonais. Autant dire que les gens qui comme moi ne connaissent que quelques mots n’y entravent que dalle. Mais c’est suffisamment bien indiqué par ailleurs sur des panneaux. On suit les gens.

A l’entrée, contrôles de sécurité avec palpation éventuelle, et coup d’oeil dans les sacs. En tant que The One, on a reçu, plusieurs jours avant le concert, un mail récapitulant les objets interdits (en japonais ET en anglais, car Amuse (la maison de disques / boîte de production) a compris que certains non-japonais faisaient le déplacement), dont les appareils photo, les perches à selfie, et tout ce qui peut blesser ou entraver la vue des autres Kitsune de l’assistance. Entends-je un soupir de soulagement de certains lecteurs?…

babymetal osaka one for all

Ca m’ennuie un peu de ne pas pouvoir prendre de photos ou de vidéos, mais pas trop. Parce que je fais ça pour moi, pour garder des souvenirs de mes concerts. Mais avec Babymetal (et les groupes asiatiques en général), je ne m’inquiète pas : ils vont sans doute nous sortir un DVD et un bluray. D’autant plus que le concert du dimanche était capté pour une projection le lundi dans 4 (autres) salles de concert. Non, je n’y suis pas allée.

A l’intérieur du bâtiment, en dehors de multiples distributeurs automatiques de boisson, juste un ou deux minuscules stands de snack. On voit qu’ici, l’économie des spectacles ne repose pas sur la buvette.

A l’entrée, un petit panneau de communion, est pris en photo par beaucoup. Plusieurs gros bouquets sont alignés le long du chemin, offerts au groupe par des collègues et par Toys Factory (ligne de jouets BM en vue ?), Wowow (chaîne musicale payante, qui a diffusé une partie du concert quelques semaines plus tard), ESP (la marque de guitares favorite des Kami, les musiciens qui accompagnent les filles sur scène)…

Le concert

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En jaune, la file en cours d’avancée vers son bloc…

Comme dit plus haut, il n’y a pas que les places assises qui sont numérotées : les billets en fosse ont aussi une assignation par bloc. En discutant avec des fans après le show, il semble que cela fait plusieurs fois que tous les fans « gaijin » (étrangers au Japon) se retrouvent parqués dans le même, plutôt vers le fond de la fosse. Organisation sans doute imputable au tourneur plus qu’à Amuse. Mais du coup, inutile de prendre un billet fosse en pensant que ça vous garantira une bonne place…

Scène surréaliste que le remplissage de la fosse bloc par bloc… Mais rien de surprenant au Japon, c’était aussi le cas pour l’Arc-en-ciel Casino. On y vient doucement, ceci dit, avec les fosses « Or » et les entrées en salle par type de billet…).

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Sur ces concerts, la fosse était réservée aux The One (membres du fan club), donc un seul billet par personne à la commande. Les gradins ont d’abord été en prévente fan par tirage au sort (2 billets max par membre et par show), puis ouverts à la vente publique.

Curieusement, pas mal de fans n’avaient obtenu de billets en prévente que pour un concert, et avaient dû acheter l’autre à la vente normale.

J’allais écrire que je n’avais jamais vu de concert où autant de gens arboraient des T-shirts du groupe, mais c’est faux, depuis pas longtemps : ça rivalise avec celui de Metallica à Bercy en septembre.

En voyant que les gradins étaient en places attribuées, et connaissant la réputation d’obéissance des Japonais, j’avais crains que, comme souvent en Allemagne par exemple, ou pour les pantouflards en France, ils ne restent assis dans les dits gradins durant tout le concert. C’était sans compter sur la ferveur des Kitsune! Dès les premières notes, tout le monde s’est levé en brandissant bien haut le signe du renard, et ne s’est plus assis de tout le concert.

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Je prenais un selfie dos à la scène et ces confrères en adoration kitsunesque ont pris la pose… Bon ben photo alors!

Dernier choc culturel : le public ne chante pas la mélodie principale, mais plutôt les interjections qui ponctuent les chansons – les petits mots criés* ou chantés par Moa et Yui, les benjamines. Ainsi que des trucs ajoutés, comme les « Death » sur Yava!. Il y a aussi tout un assortiment de gestes scandant les chansons, repris par la salle entière. C’est beau, et non sans évoquer une messe en l’honneur du Dieu Renard. (ça ficherait presque les jetons)

Cela vaut également un silence impressionnant quand, après quelques morceaux bien metal et la chanson du duo Black Babymetal (Moa et Yui), Su-Metal seule en scène entame un Ikusen Mono annonciateur de Akatsuki devant une salle coite. (wouhouuu, j’ai enfin vu Akatsuki live! Avec la cape et tout!)

En fait, le public nippon est particulier en ce qu’il a trouvé un moyen d’apprécier un concert (call & response, applaudissements, etc) sans pour autant rendre inaudible les artistes.

Je dis ça, je schrei rien. J’ai quand même souvenir d’une fan de Tokio Hotel qui n’avait pas capté qu’ils avaient chanté une chanson en anglais au lieu de l’allemand à Bercy en 2008, et d’une autre qui n’a remarqué qu’en 2008 après x concerts, en voyant un showcase acoustique, que Bill chantait une mélodie différente sur Rette Mich, parce que celle d’origine ne collait plus à sa tessiture depuis sa mue (cad en 2006, deux ans avant…). Ca vous dit à quel point la fosse était bruyante.

La setlist

C’était quasiment la même les deux soirs, à l’exception des deux chansons en position 5 et 6 : d’abord un solo de Su-Metal (Amore ou Akatsuki), suivi d’un duo de Black Babymetal (Yui et Moa donc), Yon no Uta (« la chanson du 4 ») ou GJ! . Bref, 3 sur 4 chansons que je n’avais pas eu la chance d’entendre en live jusqu’ici, car elles ne les chantent pas quand elles n’assurent qu’une première partie. Joie! Bonheur! Petits renards d’allégresse partout!

Côté performance, quelques nouveautés avec un peu de pyrotechnie, et des effets spéciaux projetés sur écrans sur quelques chansons, ainsi que, oui, effectivement, des écrans géants qui retransmettent les mouvements des filles et du Kami Band durant tout le show. Peu de causeries avec le public (et en japonais, je n’ai rien compris aux quelques qu’il y a eu), pas beaucoup de Call & Response.

01-BABYMETAL Death
02-Gimme Chocolate
03-Megitsune
04-Yava! (w/Kami Band Instrumental)
05-Amore (14/10) / Akatsuki (15/10)
06-Yon No Uta (14/10) / GJ! (15/10)
07-Syncopation
08-META! Taro
09-Ijime, Dame, Zettai
10-KARATE
11-Head Bangya
12-Road Of Resistance
13-THE ONE (English Version)

Le concert du dimanche, dernier du Kyodai Festival, s’est terminé sur la confirmation des concerts que les annonces cryptiques des précédentes semaines laissaient à espérer : les 2 et 3 décembre à Hiroshima, ville de naissance de Su-Metal, à quelques jours du 20e anniversaire qui marquera sa majorité au Japon… L’oracle (la voix off) nous promet une révélation, et l’avènement d’une nouvelle déesse, la fin du Metal Resistance Episode V, et le début du suivant… Nous sommes donc dans l’expectative de ce qui va se passer ce week-end.

Changement du line-up du groupe? De jeunes membres de Sakura Gakuin (le collège-école d’idols dont est issu Babymetal) ont récemment interprété un titre de Babymetal lors du dernier spectacle de l’école. La relève?

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Les fans en cosplay Kami / BM prennent la pose…

Mais déjà, nous sommes en partie rassurés : quelle que soit l’annonce, Babymetal continuera d’exister : en effet, le Download Festival UK les a annoncés avant-hier dans son line-up de juin 2018.

KITSUNE UP!

WE ARE THE OOOOOOOOOOONE!

6 réflexions au sujet de « Guide : un concert de Babymetal au Japon »

    • Vu le prix du voyage, je n’ai pas voulu risquer de me faire expulser de la salle pour prendre une photo des filles prise depuis le haut des gradins… sur laquelle on n’aurait pas vu grand-chose de toute façon.

      • Je comprend les japonais pour les prises de vues , mais perso prendre 3ou 4 photos durant le concert ne gène pas, c’est bien différent que d’avoir une armée d’appareils entrain de filmer. La je parle pour moi car je met 3 secondes par photos. Mais je crois que le problème pour les japonais est autre. Montrer Su qui s’affale sur le sol a la fin d’un concert , n’est pas l’image de la perfection qu’ils veulent montrer. Le prix des places en France des groupes japonais est souvent ridiculement petit (les Babymetal a Strasbourg 26 ou 28 euros) Peut tu me donner un ordre d’idée au japon stp.

        • Ils n’aiment pas qu’on prenne des photos dans les magasins aussi. C’est culturel, en partie. Ca peut dépendre des salles aussi. Et le prix des concerts aussi : ici, c’était 64 Euros + 2 eur de frais.

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