Flashback : Tokio Hotel à Paris Bercy – 14 avril 2010

Je ne sais pas vous, mais les concerts me manquent. Et chaque 14 avril, je repense à celui-là en particulier, il y a maintenant 11 ans. C’était le tout dernier concert de la tournée Humanoid City du groupe allemand Tokio Hotel. On ne le savait pas encore, eux non plus sans doute, mais c’était la dernière fois qu’on les voyait en tournée en Europe avant un long hiatus, le déménagement aux USA de la moitié du groupe (les jumeaux), le passage aux albums tout en anglais (hélas) et une grosse chute de notoriété qui fait qu’ils n’ont plus jamais rempli de salles aussi grandes.

Ce dont ils ne se plaignent pas forcément : durant le confinement, Bill Kaulitz s’est occupé en écrivant une autobiographie intitulée « Career Suicide », en allemand donc je ne sais pas trop ce qu’il y raconte, mais quelque chose me dit que leur long break qui a correspondu de facto à un suicide professionnel était le seul moyen qu’ils ont trouvé d’éviter le suicide tout court. Enfin, suicide professionnel, n’exagérons rien : ils tournent encore, mais à plus petite échelle, et ont changé de maison de disque, quittant Universal (je ne sais pas si c’était de leur fait… m’enfin bon débarras, vu le peu de promo que leur faisait la dite maison), pour revenir à Sony, qui avait eu la mauvaise idée de les virer avec d’autres groupes débutants avant qu’ils ne deviennent célèbres. D’après le compte Instagram de Georg Listing (le bassiste), ça doit mieux se passer : pour son anniversaire ils lui ont offert une PS5 et il a fait une story « à la meilleure maison de disque du monde ».

Tokio Hotel – Komm – Paris – la dernière fois qu’on voyait l’ouverture de concert avec l’Etoile Noire qui s’ouvre…

14 avril 2010, donc. J’étais à l’époque en plein milieu de ma fanitude Tokio Hotelesque, que j’ai déjà raconté sur ce blog. Commencée en blague devant ce groupe de mioches qui m’avait rapidement bluffé par son professionnalisme dépassant celui de pas mal de musiciens plus vieux, son enthousiasme de jeunes chiots, et la combinaison de pop rock péchu et de la langue allemande dont j’adore les sonorités. Ce concert à Paris, c’était le 5e pour moi de la tournée. A la base je n’en avais prévu « que » 3, en France, et puis j’en avais ajouté 2 sur un coup de tête à l’approche des dates. NO. REGRET. Quelques jours avant ce concert, j’avais dérapé sous la douche et je m’étais pété 2 côtes contre le rebord de la baignoire, mais heureusement, c’était des « petites » fractures, donc j’ai quand même pu aller dans la fosse. Mais j’ai évité la foule des premiers rangs (c’était le premier Bercy qu’ils n’avaient pas pu remplir, du reste), restant à côté de la console son au milieu, avec une copine. Ce qui m’a donné l’occasion de dire bonjour à leur ancien manager David. Avant qu’une furie ne lui gueule dessus et ne ruine le moment. *roll eyes* Heureusement, elle n’a soit pas reconnu, soit pas vu qu’avec David, à l’abri avec les techniciens, il y avait leur meilleur ami et leur beau-père. Donc ils ont pu mater le concert tranquilles (mais un peu sur leurs gardes quand même).

Tokio Hotel – Humanoid – Paris – l’interlude acoustique de la tournée, toujours étonnant

Tokio Hotel a toujours eu mauvaise réputation en France (comme en Allemagne du reste), à cause de leur jeune âge et du look androgyne de leur chanteur. Pas assez snobs, mon fils. Pourtant, ils ont toujours assuré sur scène. A la mesure de leur âge, certes, ce ne sont peut-être pas des Mozart. Mais ce sont des pros, et qui ont toujours eu à coeur d’offrir de vrais spectacles à leurs fans. Même maintenant qu’ils tournent dans des salles plus petites, style Trianon ou Olympia, ils ont toujours une scène et des lumières chiadées, un thème directeur, une setlist variée et bien construite, Bill a des costumes… créatifs même si pas toujours à mon goût. Bref, on sait où passe l’argent. Ce n’est pas au goût de tout le monde, mais on peut a minima apprécier le travail bien fait. Et pendant 1h30 à 2h, on est ailleurs, avec eux. Entre aliens (le nom donné à leurs fans à l’époque où c’est devenu la mode pour les artistes de les distinguer ainsi. Remarquez bien qu’on m’appelait l’extra-terrestre à l’école, alors il y a comme une continuité qui m’a amusée…).

Tokio Hotel – thank you speech and Geisterfahrer – Paris – Ah, cette chanson, je l’aime d’amour… Je ne pensais pas l’entendre en acoustique, mais elle rend bien…

Le petit discours de remerciement ci-dessus, un classique en concert, était d’ailleurs plus long que sur les concerts précédents de la tournée (comme quoi ça peut servir à ça d’en faire plusieurs… On voit ce qui s’éloigne de la routine). Bill a même remercié l’équipe qui avait conçu et monté la scène, ce qui, pour le coup, est quelque chose que j’avais rarement entendu. En général ça se borne à citer les musiciens sur scène et éventuellement le producteur. Même Tom, son jumeau et guitariste, avait l’air ému.

… Rétrospectivement, je me demande s’il ne savait pas, lui, que c’était plus qu’une tournée qui se terminait, mais la page la plus spectaculaire de leur carrière qui se tournait. Allez savoir. C’était aussi leur dernier concert majoritairement en allemand avant un bon bout de temps (j’ai plus ou moins arrêté de suivre le groupe, mais il me semble que leur seul concert en allemand depuis, c’était lors d’un de leurs « camps d’été » hors de prix. Rien que ça m’avait presque donné envie d’y aller, mais le camping, moi…). Le public français leur avait fait un tel accueil glacial quand ils avaient essayé d’y chanter en anglais à la tournée précédente qu’ils avait pris l’habitude de nous faire la même setlist que dans les pays germanophones. Une exception. Les autres pays avaient droit aux versions anglaises dès qu’ils ont fait des albums en 2 versions (allemand et anglais). *soupir* C’était le bon temps.

Tokio Hotel – Traumer – Paris – il manque le umlaut sur le a, c’est Träumer (rêveur), mais je n’étais pas sûre que Youtube gère bien les accents.

J’allais écrire que j’adore cette chanson, mais en fait, si j’étais autant fan d’eux à l’époque, c’est que quasiment toutes les chansons de leurs 3 premiers albums me faisaient dire « Oh elle est géniale celle-ci! » et me file encore des frissons de joie quand je les entends maintenant. Et dire qu’il y a des andouilles qui pensent que les fans de ces groupes ne sont pas là pour la musique… Ca a TOUT à voir avec la musique et comment elle nous fait vibrer. Que les musiciens soient mignons ou pas. Même si 80% du public de l’époque c’était des filles entre 12 et 20 ans. Ca aide, d’expérience, d’avoir un truc pas trop moche à regarder sur scène. Mais s’il n’y a rien qui passe par les oreilles, on ne vient pas à un concert, on se contente de se palucher sur un magazine, si vous me passez l’expression.

Puisqu’on en est là, un autre des reproches faits à Tokio Hotel, c’était qu’ils soient un groupe fait par le marketing. C’est faux, ils ont juste réussi à se faire connaître très jeunes par un groupe de producteurs qui les a aidés à se professionnaliser avant de démarcher les maisons de disques (d’où le contrat avec Universal alors qu’ils n’avaient que 15 ans, après un 1er contrat avec Sony). Et ensuite, ce sont des monomaniaques : le bon vieux rock des familles avec des power songs, ce n’était pas vraiment la tendance de leur âge quand ils percé, mais c’était leurs références (80es), digérées et modernisées. Sans doute que leur maison de disque aurait préféré leur faire faire de la tectonik ou je ne sais quelle ânerie éphémère, mais eux ils ont grandi avec Metallica, David Bowie, et Rammstein, si j’en juge à leurs effets de scène. Maintenant avec l’âge, ils se sont mis à l’électro de boîte de nuit, c’est pas du tout mon style mais ma foi, je ne peux pas les forcer à faire la même musique 40 ans non plus.

Tokio Hotel – Sonnensystem – Paris – je sais pas où ils avaient péché l’inspiration spatiale de cet album par contre mais c’est pas graaaave…. ça change un peu

Et puis la sincérité, ça se ressent. Enfin non : c’est vrai qu’à moi ça m’a toujours paru évident parce que j’ai un bullshitometer redoutablement sensible, qui fait que je suis incapable de regarder un homme ou une femme politique en vidéo sans vouloir lui balancer des tomates. Mais j’ai aussi fini par comprendre que ce n’était pas le cas de tout le monde. Donc pour les gens dont l’empathie est défaillante : croyez-moi juste sur parole, la sincérité, quand on n’est pas handicapé de ce côté, ça se sent, surtout en musique. Et eux ils sont faits pour ce boulot. De toute façon, vu les cagettes de critiques qu’ils se sont pris pendant 5 ans, il fallait qu’ils soient convaincus pour continuer dans cette voie.

Et je leur en sais gré. L’abandon de l’allemand, ça m’a fait mal au coeur, mais je pense que ça ne correspond pas seulement à une nécessité économique, mais aussi à une rupture avec leur pays parce que c’est là que des fans (enfin si on peut appeler ça des fans… des tarées obsessionnelles) leur ont rendu la vie impossible en allant jusqu’à les cambrioler.

Le petit duo piano – voix des jumeaux, ci-dessous, c’est quand même pas le truc le plus évident qu’on attend… Et puis comme on dit, quand tu fais guitare-voix ou piano-voix, sans les fioritures de production, tu sais si la chanson tient la route ou pas.

Weit Weg von hier durch Raum und Zeit zoom dich zu mir

Tokio Hotel – Zoom – Paris

Petite vidéo non musicale de Tom, Georg et Gustav (le batteur) qui disent au revoir :

Tom, Georg and Gus say goodbye to Tokio Hotel Humanoid City Tour

Tokio Hotel – Für Immer Jetzt – Paris

Et on arrive à la dernière chanson, du dernier concert, de la dernière tournée en allemand avant le long hiatus et le changement complet du groupe… Ce ne serait plus jamais tout à fait pareil, mais c’était une magnifique soirée.

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2 réflexions au sujet de « Flashback : Tokio Hotel à Paris Bercy – 14 avril 2010 »

  1. Merci pour cet article rempli de sincerité .J’ai 58 ans ,j’ai découvert tokio hotel grâce à a fille qui a l’époque en avait 13 , je l’ai accompagné au concert Humanoid et franchement ? j’ai adoré !!! je suis de la génération metallica , téléphone, aérosmith donc les sons m’etaient familiés et franchement pour son âge Bill assure sur scène et mon Dieu quel charisme!!! j’ai arrêté de les suivre puis un jour j’ai entendu une chanson sur l’ordi d’une de mes collègues qui avait une trentaine d’années , c’etait « invaded  » .Je me souviens lui avoir dis que la chanson était magnifique et sensiblement interprétée.Lorsqu’elle m’a dit que c’était le dernier bb de tokio hotel j’ai halluciné et j’ai tout fais pour l’acheter et depuis je les suis …discrètement mais je les suis ,j’espère aller les voir pour la tournée « 2001 » non du dernier album qui sortira ce 18 novembre 2022 …au fait !…j’ai 58ans…

    • Bonjour, désolée, je n’avais pas vu ce commentaire ! Le blog est un peu en déshérence, et c’est en partie parce que l’interface sur téléphone n’est pratique 😅 Merci pour ce témoignage ! Oui, je suis d’accord. Je suis presque étonnée qu’il n’y ait pas plus de gens des générations au dessus qui apprécient au moins leurs premiers albums. J’ai vu plusieurs parents y compris des papas qui disaient trouver ça pas mal, alors qu’initialement ils venaient pour accompagner leurs jeunes ados.

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