Un regard sur #saccageparis

Connaissez-vous le hashtag #saccageparis ? Depuis mars ou avril, il est un gros gravillon dans les escarpins qu’a chaussés Anne Hidalgo pour sillonner les routes de France et d’ailleurs afin de préparer sa candidature à la présidence de la République. Cette semaine, elle était à Kigali au Rwanda pour une conférence de l’Association Internationale des Maires Francophones, énième « machin » inutile que la mairie de Paris subventionne à hauteur d’1,6 Million par an (en sus des 40 000 euros de cotisation). Et après on se demande pourquoi Paris a 7 milliards de dettes. Enfin non, depuis que je suis le hashtag, je ne me le demande plus…

Bien que les médias aient tendance à réduire les revendications rassemblées derrière ce tag (et non le compte Twitter du même nom, qui s’est créé après pour l’exploiter) à la saleté des rues de Paris, elles sont plus nombreuses et variées :

  1. Défaut d’entretien des rues et du mobilier urbain, parfois dangereux- panneaux arrachés, trous dans la chaussée et sur les trottoirs,… Le Canard Enchaîné a aimablement révélé une des raisons :

2. Quand aux lampadaires et autres feux rouges réparés au chatterton, avec des câbles électriques apparents, c’est le travail de l’entreprise Evesa, titulaire du marché. Qui, comme tant d’autres entreprises en contrat pour la ville de Paris, ne semble faire l’objet d’aucun contrôle des travaux… A 90 millions par an, ça fait cher du rouleau de scotch.

3. Disparition et dégradation du mobilier urbain, remplacé au mieux par des modèles anti-SDF hors de prix commandés à des designers de renom (mais moches quand même), au pire par des modèles qui plaisent aux EELV de l’alliance majoritaire, tout en bois de palette et poutres en bois. Vous savez, EELV, ce sont ces écologistes qui ignorent que le bois non traité, ça pourrit vite en plein air…

4. Ces mêmes écolos qui promeuvent des pieds d’arbres végétalisés gérés par les riverains (ou associations) qui en font la demande. Et qui, dans leur grande majorité, sont d’aussi piètres jardiniers qu’eux. Eh oui, le jardinage, ce n’est pas un hobby pour bobo qui passe ses week-ends en villégiature et ses soirées à boire des cocktails à la goyave. Ça demande du temps, de la constance, et des compétences. Des compétences qu’ont les jardiniers de Paris, dont la mairie diminue les effectifs.

5. Remarquez, ça ne devrait pas être trop grave, puisque les espaces verts diminuent à vitesse grand V devant la bétonnisation de Paris faite à marche forcée par Hidalgo. Partout où il restait des friches ou des espaces verts, la maire fait installer des programmes immobiliers, de préférence des tours géantes dont, pourtant, la population avait clairement exprimé à son prédécesseur Delanoë qu’elle ne voulait pas.

6. Et cela alors que la mairie, par le biais de l’adjoint envoyé au front le plus souvent, Emmanuel Grégoire, clame haut et fort qu’il faut lutter contre la densification de Paris… Et prétend, pour lutter contre le réchauffement climatique et les canicules parisiennes, multiplier les arbres et les « forêts urbaines ». Du pipeau démonté par Le Monde, oui parce que dans les projets annoncés lors de la campagne, on ne sait pas, à la mairie, qu’un arbre, ça a besoin de terre. Et pas juste 20cm de profondeur. Donc la forêt devant l’hôtel de ville, c’est pas possib’ ma brave dame… Des mensonges aussi sur les arbres soit disant plantés en masse par la mairie, qui ne compensent pas du tout tout ceux qu’elle coupe, sous des motifs farfelus. Remember la glycine de Montmartre ? Abattue soit disant parce qu’elle dépérissait, il faudra 2 mois à la mairie pour publier un justificatif… Qui concerne un autre végétal. Est-ce qu’on ne se foutrait pas un peu de notre gueule ? Je crois que la question elle est vite répondue…

7. A la place, on nous installe des jardinières, souvent biodégradables elles aussi, et qui font d’excellents nids pour les rats. C’est ça, la biodiversité version EELV. Remarquez, dans mon quartier, c’est multi usage, ça sert aussi : de cendrier, de poubelle, de cache pour les dealers, et d’urinoir.

8. Ah oui, les urinoirs. Fameux exemple du gâchis d’argent de cette mairie axée sur la communication, mais qui n’a pas le début d’une notion de « budget », de retour sur investissement ou d’analyse d’impact… C’est pas grave après tout, c’est pas leur pognon… C’est le nôtre ! Le plus célèbre exemple, donc, ce sont ces « Naturinoirs » à 40 000 euros de la société Ecosec, censés recycler l’urine en engrais grâce à l’énergie solaire. Résultat :

Parce que dans les start-up de l’écologie, vous voyez, on ne sait pas que les arbres, ben, ça fait des feuilles. A la mairie non plus, du reste. Je ne sais pas à combien ils se sont mis pour valider le projet, mais je pense que tous autant qu’ils sont, ils ont autant de compétences en écologie qu’un gamin de 6 ans.

9. Remarquez, au rayon du gaspillage d’argent public, ils nous ont aussi conçu, pour recycler Audrey Pulvar après son échec retentissant aux régionales, une Académie du Climat, pour sensibiliser les jeunes au changement climatique et réfléchir à des solutions pour y remédier. Ça cogite dur, niveau atelier bricolage de mon petit cousin de CP :

On reproche au mouvement d’être récupéré par l’opposition. Ben…. Encore heureux non ? Ce n’est quand même pas notre faute si à chaque fois qu’on identifie un problème à Paris et qu’on creuse, on trouve à la source des décisions lamentables de la même majorité ? Croyez moi, j’en ai été surprise, ayant voté pour eux jusqu’à la première élection d’Hidalgo. Depuis, je regrette…

3, 2 millions pour enfiler les banalités comme des perles

10. Le patrimoine de Paris est démoli pour des réaménagements pas toujours nécessaires, surtout quand on a déjà 7 milliards de dette. Les fontaines de la porte de la Chapelle. Celles de la place de la République. Le jardin de la Pagode (c’est ballot : là où il y a des arbres en pleine terre, la mairie ferme les yeux sur leur excavation. Elle se vend si cher que ça, la terre parisienne ?)…

11. Autre grief : la gestion (ou absence de) de la toxicomanie dans le nord de Paris : les riverains des jardins d’Eole, dans le quartier de Stalingrad, ont dû en venir à dégager les dealers de crack à coup de mortier de feux d’artifice pour que les médias se décident à parler de leur calvaire, aggravé par le démantèlement de la Colline du Crack et le confinement : un quartier livré aux dealers et consommateurs de crack, une drogue particulièrement destructrice. Des riverains sous pression qui ne peuvent dormir à cause des bagarres, cris et viols sous leurs fenêtres, des enfant traumatisés par les scènes d’injection et de déchéance, et par les agressions de toxicos prêts à tout pour se payer une nouvelle dose. Scènes similaires autour de la gare du Nord et de la salle de shoot de l’hôpital Lariboisière. Il paraît qu’il ne faut pas dire salle de shoot mais SCMR, salle de consommation à modération des risques. Pourtant les riverains, eux, dénoncent une aggravation des risques pour eux. La SCMR de Paris ne poussant pas franchement à la désintoxication et ne fournissant pas de palliatifs, elle attire les dealers sûrs d’y trouver des clients. Chaude ambiance.

Je n’habite pas très loin. Le quartier n’a jamais été jojo, mais ça allait encore jusqu’à il y a quelques années. Je le décrivais comme « coloré pas craignos ». Depuis le début du confinement, j’ai failli me faire piquer mon téléphone dans la rue 2 fois, j’ai assisté à 2 vols à la tire, entendu dans la rue une bonne cinquantaine d’altércations / poursuites (au minimum. Je ne les compte plus. Durant le couvre-feu, tous les soirs il y avait un passage de cassos braillards dans la rue, rarement les mêmes. Ambiance American Nightmare). Et, grâce à l’extension des zones de deal, depuis 3 mois, j’ai assisté 3 fois à des scènes de shoot dans la rue, en plein jour.

Il était 18h…

Je pourrais continuer des heures. La liste des méfaits de la mairie est longue. En gros, ils trouvent toujours de l’argent pour des projets artistiques non durables, mais la sécurité, la propreté et la beauté de Paris, ils s’assoient dessus.

Et puis ce soir, je suis tombée sur l’article d’un anglais qui écrit depuis Paris, qui nous donne son avis sur le mouvement saccageparis. La traduction dans Courrier International, ci-dessous, n’est accessible en entier qu’aux abonnés, mais la version originale sur le site The Local est disponible en entier.

https://www.courrierinternational.com/article/vu-du-royaume-uni-le-vrai-saccage-de-paris-cest-lexode-de-ses-habitants

Je suis ravie d’apprendre que le fait que la criminalité à Paris ait augmenté de 46% en 6 ans en 2019 n’est pas grave, parce que « c’est limité aux quartiers nord et est de Paris, les plus pauvres ». C’est là que j’habite, mais sans doute que lui non, alors il s’en fout. Et encore, les chiffres s’arrêtent à 2019. Ils ont dû bondir avec le confinement, si tant est que les gens se fatiguent encore à porter plainte, étant donné qu’en général derrière, pour un « simple » vol, il n’y a pas d’action (testé pour vous. L’officier qui a pris ma plainte pour un vol de chèque, à la 3e tentative, a été sympathique, mais ne m’a laissé aucune illusion sur le fait d’avoir des nouvelles… Alors qu’on avait le nom et le numéro de compte de la personne qui avait encaissé le chèque volé à la Poste- ah oui, la Poste non plus n’a pas enquêté. Suite à ma réclamation, ils m’ont juste envoyé un courrier sans aucun moyen de réponse pour m’offrir le prix du timbre en compensation, et encore, même ce coupon n’était pas en pièce jointe… Nuls jusqu’au bout).

Et je suis aussi ravie de découvrir que pour lui, le problème, c’est la gentrification, qui diminue la charmante et folklorique diversité de population. Dans mon quartier, c’est pas les bobos qui représentent 90% de la population… Notez, les toxicos eux sont de toute nationalité. Le gros mec bourré tout nu qui menaçait de descendre par la fenêtre (du 5e étage) en découdre avec les autres glandus qui picolent devant l’hôtel dans ma rue (qui, vu la populace aux fenêtres, a dû être réquisitionné comme hébergement d’urgence pour cassos divers et avariés), vue sa gueule et son accent, il était plutôt des pays de l’Est.

Comme dans Friends !

Mais le reste du quartier, lui, est devenu une banlieue d’Islamabad, complète avec ses conflits ethniques ou religieux (je ne parle pas l’ourdu ni le pendjabi, je n’ai pas saisi les détails des bagarres régulières)… Remarquez, l’avantage, c’est que quand des bandes de jeunes d’autres minorités descendent des quartiers nord pour trafiquer, ou des « mineurs isolés marocains » viennent jouer les pickpockets, ils ne s’embêtent pas avec des médiateurs de la ville de Paris : ils prennent directement qui une chaise, qui un bâton sur un des chantiers perpétuels du coin, et ils se menacent façon parade d’intimidation, voire ils se foutent directement sur la gueule.

Ce n’est pas que j’ai une affection démesurée pour le bobo biobio donneur de leçons qui commande des baskets équitables en soja sur son iPhone changé tous les ans, mais croyez moi, je m’estimerais heureuse si le problème de mon quartier, c’était la gentrification… Déjà, il y aurait plus d’une femme sur 20 dans la rue…

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