Ca manquait de raisons de se réjouir sur ce blog (et dans le monde, pour être honnête), alors faites place au retour du Prince de la Glace (après la Reine des Neiges) : Yuzuru Hanyu, double champion olympique de patinage artistique, à qui j’avais consacré un article il y a 4 ans, sera cette semaine à Pékin. Il vient pour défendre son (double) titre et essayer de réaliser deux exploits : être le premier patineur depuis 94 ans à gagner 3 médailles d’or Olympiques (après celles de 2014 et 2018), et être le premier patineur tout court à réussir en compétition un Quadruple Axel. Rien que ça. En même temps, il passe son temps à exploser les records du monde de la discipline : 19 fois… pour l’instant. La dernière fois, c’était pour se qualifier pour les JO, aux championnats nationaux du Japon, avec ce programme court :
Il a aussi déjà été le premier à réussir une quadruple boucle en compétition. Le « 4A », c’est le dernier quadruple saut qu’il n’a pas encore réussi en compétition, si je ne m’abuse. Il est aussi le premier Asiatique champion du monde de patinage artistique, premier Japonais, etc)
Je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas une spécialiste ni une acharnée du patin à glace, ce qui fait que je n’avais pas suivi de près son actualité après l’article pré-cité, vu que j’étais rarement au courant qu’il y avait des compétitions, ahem. Tout juste avais-je su qu’il s’était fait particulièrement rare ces deux dernières années, évitant même des compétitions parce qu’il fuyait les occasions d’attraper le COVID, étant à risque car asthmatique.


Ah oui, parce qu’il y a ça aussi. Il accumule les records, mais en plus, il fait ça en étant asthmatique, et en ayant dû s’interrompre plusieurs fois dans sa pratique, une fois tout petit parce que sa patinoire avait fermé, une autre fois pour blessure. Et natif de la ville de Sendai, il s’y entraînait quand le grand tremblement de terre du Tohoku du 11 mars 2011, a ravagé la ville (celui qui a causé le tsunami qui a déclenché l’accident de Fukushima. Mais pour les Japonais, c’est le tremblement de terre et le tsunami qui ont causé le plus dégâts, avec plus de 18 000 victimes et des centaines de milliers de personnes évacuées). Il a d’ailleurs donné une bonne partie de ses primes olympiques pour la reconstruction de la patinoire de Sendai.
Tout ça je l’ignorais encore récemment, jusqu’à aller chez la librairie japonaise Junku pour un autre fandom, et tomber sur son minois atypique (sur une photo pourtant pas très flatteuse, en l’occurrence) en couverture de ce que je pensais être un magazine (ci-dessus). Je l’ai feuilleté, mon visage s’est éclairé d’un grand sourire comme si j’étais tombée sur un calendrier de chatons, et je me suis décidée à l’acheter, d’autant qu’il ne restait que cet exemplaire. C’est un photobook qui lui est entièrement dédié, en fait. 150 pages de photos pleine page, pour la plupart. Aaah, y’a pas à dire, les Japonais savent vendre leur came… Du Yuzuru choupi au naturel, du Yuzuru dorky comme c’est assez souvent le cas, et vu que le « petit » (il a 27 ans quand même, il est de 1994) a découvert des trucs ces dernières années, il y a même du Yuzuru sexy, notamment tiré de son programme court sur la chanson de Robbie Williams « Let me entertain you ». Très bien choisie, puisque c’est un entertainer né.

Sur quoi j’ai réalisé que ah mais oui il y avait les JO d’hiver bientôt, et j’ai commencé à chercher des infos sur sa venue, en rattrapant donc une partie de mon retard vu qu’il s’est fait attendre : alors que les JO ont officiellement commencé vendredi dernier (le 4), il n’est arrivé que dimanche matin, alors que sa première compétition est mardi matin (enfin il passe vers midi heure locale, 5h du matin chez nous). Loupant donc la cérémonie d’ouverture et la plupart des sessions d’entraînement sur place. Un peu pour diminuer les risques de contamination, un peu pour retarder le moment de se confronter au cirque médiatique, si je lis bien entre les lignes de son communiqué sybillin via le comité olympique nippon.
Sélection partiale de mon rattrapage :
Je me doutais qu’il ne pouvait pas être arrivé si loin sans avoir un cerveau en état de marche, mais il donne tellement bien le change (… non mais allez voir des vidéos du Yuzu « dorky » et vous comprendrez ma confuse…) que je ne pensais pas que c’était forcément de l’intelligence « académique », on va dire. Mais si, enfin aussi. En parallèle de sa carrière, il a suivi des cours par correspondance à l’université privée de Waseda, qui a publié une synthèse de ses travaux de recherche sur l’utilisation de la modélisation 3D pour évaluer les sauts de patinage artistique (on n’est jamais mieux servi que par soi-même, il a bien raison).
Le twittos Tsukiyomi a traduit la synthèse dans ce loooong fil Twitter.
D’après cette autre vidéo (il passe en dernier), il a aussi créé de ses petits doigts un programme informatique pour calculer comment viser la plus haute note dans un programme de patinage (sachant qu’il y a des règles bizarres du style « bonus de points si vous mettez x sauts « difficiles » dans la 2e moitié, etc).
Il y a des gens qui s’y connaissent, eux, et qui font des versions annotées des vidéos des programmes pour indiquer aux béotiens comme moi les différents mouvements et éléments notés. Roseline Winter l’a fait pour son programme Chopin.
Ou cette chaîne, qui nous explique pourquoi, déjà, les Triple Axels de Yuzuru sont déjà uniques parmi ses pairs (en résumé, la plupart font de looongues approches avant de les faire alors que lui il peut en caser un peu partout et depuis un peu n’importe quelle position, fingers in the nose) :
La même chaîne a fait une vidéo des 10 plus gros scandales du patinage et comment ils ont changé, essentiellement, les notations de l’ISU (la fédération internationale). La vidéo est particulièrement intéressante parce qu’elle rentre dans le détail des notations, de comment ces notes peuvent être truquées par les juges, avant parce qu’elles étaient publiques et que les juges peuvent être influencés par leur fédération (qui les envoie) ou autre.
Un résumé de sa carrière via un fil Twitter
Ah, je ne suis pas la seule à trouver ses costumes de scène magnifiques, quelqu’un a donc fait une vidéo dessus avec interview de la principale designer, Satomi Ito :
Je ne pouvais pas finir ce panégyrique (qui est, pour tout vous dire, aussi une façon pour moi de stocker ici tout plein de liens intéressants avant de les perdre dans les méandres de Twitter and co) sans partager ce montage de Yuzuru patinant sur la dernière chanson de la Reine des Neiges 2, « Show yourself« , parce que 1) ça allait bien avec l’ambiance quand on se demandait quand il allait enfin se montrer à Pékin 2) au niveau visuel, c’est assez proche et 3) les paroles lui vont comme un gant :
Vu qu’une de ses motivations pour réussir le quadruple Axel, c’est d’atteindre sa vision du « Yuzuru parfait », donc…
« Show yourself, step into your power,
Grow yourself, into something new
You are the one you’ve been waiting for
All of your liiiiife! »