NHK World : Shining lives, vivre avec des troubles de l’apprentissage

Sur NHK dimanche dernier, un intéressant documentaire (en anglais), à voir ou revoir ci-dessous tant qu’il est disponible sur leur site en replay :

Shining Lives: Living with Developmental Disabilities

Le résumé : Children with certain developmental disabilities often have difficulty interacting with others or engaging in tasks they’re not interested in. This can put a strain on families. But many of these kids shine when they’re allowed to engage in activities they’re passionate about. Researchers have learned that encouraging them to pursue their interests not only makes them happier as individuals. It can also lead to stronger connections with people around them and greater independence as adults.

Les chercheurs interrogés dans ce documentaire ont étudié sur 20 ans des centaines d’enfants atteints de troubles divers de l’apprentissage, notamment les troubles autistiques et les troubles du déficit de l’attention (TDAH en français pour avec ou sans hyperactivité, ADHD en anglais). Cela leur a permis de faire des découvertes sur leurs possibilités de s’insérer dans la société en devenant indépendants (plus de 60% y parviennent. Mais ça ne donne pas de détails sur l’intensité des troubles en questions). D’après eux, un enfant sur onze en serait atteint au Japon (5 à 7% des enfants en France pour les troubles « dys », qui sont la 3e catégorie rassemblée dans l’étude japonaise).

Ils sont forts ces Japonais : « People with ADHD have difficulties to focus on things they aren’t interested in » (« Les gens avec des troubles de l’attention ont du mal à se concentrer sur les choses qui ne les intéressent pas »). … ben… parce que les autres, ils y arrivent? Je sais que l’auto-diagnostic est une plaie du 21e siècle, mais quand même, je me reconnais pas mal dans ce documentaire. Après, je n’ai jamais été officiellement diagnostiquée, d’une part parce qu’à mon époque ça ne se faisait pas, et d’autre part parce que je n’avais pas tant de problèmes, étant donné que : 1) je m’intéresse à beaucoup de choses, donc l’école c’était fingers in the nose à part l’histoire-géo et le sport. Donc pas de décrochage scolaire. 2) ça ne me dérange pas qu’on ne m’aime pas tant que ça ne me porte pas préjudice. Donc ma différence, je l’ai remarquée assez tôt, mais je ne m’en suis pas plus formalisée que ça : j’ai juste considéré que ce n’était pas forcément moi qui fonctionnait mal 😛 Surtout quand les autres élèves de 6e trouvaient que le meilleur moyen de faire « grand » et mature, c’était d’aller fumer des clopes sous le préau au fond de la cour avec les surveillants.

Pour revenir au reportage, ils ont « découvert » qu’avoir une passion et pouvoir s’y consacrer aide le développement des enfants qui ont des problèmes d’apprentissage. Là encore, de mon point de vue ils ne font que confirmer une chose que je savais déjà : ce que j’appelle les fandoms m’ont toujours servi à ça. D’une part à me focaliser sur un sujet pour appréhender le monde en déroulant un fil. Et d’autre part, mais ce n’était pas une fin en soi, à la base, à créer des liens sociaux avec des gens qui partagent les mêmes centres d’intérêt. Ce qui permet d’acquérir assez de clés de ces étranges rituels pas du tout logiques pour naviguer en société. Mais je ne suis pas bien sûre que ce soit réservé aux « neuroatypiques », ce bénéfice. Si? Toute expérience est une ouverture, non?

Le documentaire présente plusieurs enfants (seulement des garçons, étonnamment… ou pas. Non que les garçons soient les seuls à être atteints de ces troubles, mais plus on en apprend sur eux, et plus on se rend compte que les filles apprennent plus à les « masquer »… ce qui n’est pas étonnant puisqu’elles sont plus éduquées à lire les émotions et en tenir compte). Ces enfants ont chacun une passion à la limite de l’obsession, l’un pour les trains, un autre pour la météo, un troisième pour les chiffres… Leurs familles ont eu des attitudes différentes en découvrant leur diagnostic très jeunes. La plupart de celles montrées ont décidé de profiter de ces passions pour tempérer les sautes d’humeur de leurs fils et partager des moments avec eux.

Une seule (mère célibataire? On ne voit pas le père) raconte l’avoir mal vécu, ayant même songé au suicide quand il avait 3 ans pour ne plus avoir à gérer ce « problème » (au Japon plus qu’ailleurs, il faut « être comme tout le monde » et ne pas causer de souci). Elle a heureusement trouvé un centre d’aide spécialisé, qui lui a permis de songer plus à la souffrance de son fils qu’à la sienne, et conseillé de lui permettre de s’investir dans sa passion (pour les jeux de société). Au lieu de se lamenter sur la « honte » que son enfant était différent, et de le forcer à tout prix à se couler le moule.

Car inversement, ils ont confirmé par la statistique que forcer ces enfants à des activités qui ne les intéresse pas ne fait que renforcer à la fois leur frustration, par l’échec (ben oui, comme ils n’arrivent pas à se concentrer sur des trucs chiants, ils n’arrivent pas à progresser) et par la dépression, parce que cela augmente leur angoisse d’être différent. Spécial dédicace à tous les parents qui ont compris ça et n’ont PAS poussé leurs gosses à faire exactement tout ce qu’ils détestaient (des sports collectifs par exemple) pour « les sortir de leur bulle ». Parce que s’il y a une chose qui augmente l’anxiété sociale, c’est d’être obligé de se colleter la présence de gens qui n’acceptent pas la différence et en plus vous méprisent parce que vous êtes nuls dans une activité que vous avez accepté uniquement pour faire plaisir…

Bon, c’est pas tout ça, mais je vous laisse regarder le documentaire, j’ai un VPN à installer pour suivre un patineur japonais improbable.

2 réflexions au sujet de « NHK World : Shining lives, vivre avec des troubles de l’apprentissage »

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