GIFT au Tokyo Dome – de et avec Yuzuru Hanyu

Pour la première fois en 35 ans d’existence, le Tokyo Dome s’est équipé d’une patinoire de taille olympique pour un spectacle de patinage artistique. Solo. Du double médaillé d’or olympique japonais, Yuzuru Hanyu. Derrière la patinoire, un gigantesque écran formant une pente, flanqué de 2 mains gigantesques tendues au dessus de 2 livres ouverts. Sur celui de gauche, le Tokyo Philharmonic Orchestra, pour interpréter les morceaux classiques. Sur celui de droite, des musiciens de rock, le « Gift band » formé pour l’occasion. Autour de la scène, des blocs divers qui s’allumeront par moments quand les danseuses de la formation ElevenPlay vêtues de blanc bougeront dessus sur la chorégraphie de Mikiko (la directrice artistique de Perfume et de Babymetal, entre autres, qui connaît bien la salle).

Les 35 000 places, autour de 200 Euro, se sont arrachées via des loteries. Plus de 80 salles de cinéma à travers le Japon plus Taiwan et Hong Kong retransmettaient le spectacle en direct. Ainsi que Disney + au Japon. Et Globecoding dans le reste du monde (hors Chine continentale), pour un peu moins de 30 Eur, grâce à qui j’ai pu suivre cette étonnant spectacle. Pas déconnant vus les moyens, la rareté et la durée annoncée (2h30).

Yuzuru est arrivé sur la musique de l’Oiseau de Feu de Tchaïkovski (un de ses 1ers programmes), un nouveau costume créé par Satomi Ito pour aller avec, et une vidéo de Phoenix en fond (avec des flammes autour de la patinoire). Mais cette ouverture grandiose a cédé la place à une narration introspective, de sa voix en mode ASMR, habillée d’effets sonores ou de musique suivant les moments. Heureusement sous-titré en anglais sur le streaming de Globecoding, le narratif a servi de fil conducteur aux 12 programmes qu’il a patinés, changeant de costume à chaque fois. Une histoire sous couvert de métaphores poétiques, pas si énigmatique quand on connaît sa biographie, mais où le style et la mise en scène permettent de transcender le personnel pour viser à l’universel.

L’un de ses 2 nouveaux programmes avait pour musique « One summer’s day » de Joe Hisaishi, tiré de la bande originale du Voyage de Chihiro. Il y évolue en costume blanc onirique aux reflets argentés, probablement référence à Haku, le dragon esprit de la rivière.

Avant un entracte de 40mn pour resurfacer la patinoire, Yuzuru s’offre en guise de thérapie collective une re-création, avec même l’échauffement réglementaire de 6 mn et les annonces par haut-parleur, du programme court où il avait chuté aux Jeux Olympiques de Beijing, Rondo Capriccioso. Alors qu’à ce stade et contrairement aux JO, il a déjà 3 programmes et demi dans les pattes (Firebird, Hope and Legacy, One Summer’s Day et Chopin), il réussit cette fois à passer le quadruple Salchow qu’un trou dans la glace l’avait empêché de déployer en compétition, et à dérouler le reste du programme sans chute, avec juste un sauvetage in extremis sur un saut combiné. Une manière d’exorciser ce mauvais souvenir, sous les yeux de son public.

Après l’entracte, il revient avec un numéro qui avait été conçu pour distraire les spectateurs à distance durant les quelques compétitions (sans public pour la plupart) de la période de pandémie, sur le titre bien nommé de Robbie Williams, « Let me entertain you ». Si vous ne devez en regarder qu’un pour vous faire une idée à la fois des performances athlétiques de Yuzuru et de son sens musical, sans rien connaître au patinage, c’est celui-là (Pour les experts, il y en a d’autres, mais LMEY me paraît le plus abordable tant il est ludique). Cf. ici dans sa version 2021.

Il nous offre dans la foulée un autre programme rock, nouveau, sur un titre de Ashura-chan. Jouant à fond son côté rock star et fan service.

Retour à l’introspection ensuite avec Phantom of the Opera, peut-être pour un autre exorcisme (c’était à l’échauffement pour ce programme qu’il avait subi une collision par un autre patineur à la Cup of China en 2014) mais plus probablement parce que le thème du masque se prêtait au texte. Suivi du programme créé pour son spectacle précédent Prologue, A Fleeting Dream.

La narration se termine sur Notte Stellata, un ancien programme sur la musique du Cygne de Camille Saint-Saëns, en symétrie avec l’introduction sur une autre allégorie d’oiseau qui prend son envol. Là où le Phénix de l’ouverture apparaissait dans un déluge de feu, écho au soleil levant et à l’origine du monde et de la vie, le cygne qui s’élève irradie une lumière bleue apaisante. A l’instar des « flammes bleues » qui donnent leur titre à l’autobiographie du patineur (dont les bénéfices vont à la reconstruction de la région sinistrée par le tremblement de terre de 2011). Un symbole fortement présent dans la communication de Yuzuru, car le premier kanji de son nom de famille signifie plume ou aile suivant le contexte.

Après avoir salué et présenté ses équipes, Yuzuru revient pour un rappel olympique : Haru Yo Koi, son programme de gala de Beijing, ode au retour du printemps, et le final (dont la step séquence homérique et la pirouette) du programme libre qui lui avait permis de décrocher sa 2e médaille d’or olympique, le noble Seimei.

Non parce qu’à ce stade, il a dans les pattes plus de 40mn de patinage, dont 7 quadruple sauts, 17 triples, 16 pirouettes et j’en passe, alors tenter les quadruple sauts de Seimei, ce serait un peu too much (et surtout inutilement dangereux). Mais même s’il apparaît aussi heureux qu’épuisé et à bout de souffle, il trouve encore l’énergie de clamer son amour du patinage et de le prouver avec un dernier tour de piste à toute vitesse.

Au final, un spectacle complet, musical et visuel, cérébral et athlétique. Surprenant OVNI qui ne laisse pas indifférent.

Bilan 2022

Yuzuru Hanyu

Quoi, il y avait autre chose?

Enfin oui, cette année comme la précédente ont été riches en événements déprimants (pas que l’actualité, niveau perso aussi), donc heureusement que je suis retombée sur Yuzu chaton grâce à Junku en début d’année.

Il a été une source constante de sourires niais et de sérotonine pour compenser un peu. Hélas, je n’ai pas eu de billet pour aller le voir en février prochain au Tokyo Dome.

D’aucuns m’objecteront que l’intensité de ce nouveau fandom est quelque peu déraisonnable. Mais à ceux-là je répondrai que s’ils ne sont pas là pour me remonter le moral quand j’en ai besoin, ils peuvent fermer leur goule au lieu de me saper mon squee.

C’est thérapeutique et assumé. Il faut engranger toutes les occasions de se réjouir et les bons moments pour résister aux mauvais, parce que les mauvais, ils ne demandent pas votre avis, et plus le temps passe et plus ils se bousculent au portillon. Alors quand tu trouves un truc qui te fait du bien : FONCE.

En prime, il a réussi à me motiver à me mettre un peu sérieusement à apprendre le japonais avec Duolingo. Et à vaincre les forces obscures de l’administration parisienne pour renouveler mon passeport. Il n’y a pas de mauvaise raison de faire de bonnes choses.

Le chaton sur patins mis à part, la pangolinite sévit toujours, mais un peu moins, donc au moins cette année j’ai pu voir deux concerts :

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Sting, en juillet au Zénith Open Air de Nancy, concert prévu en 2020 et repoussé 2 fois. Et avec son fiston en 1e partie. Une valeur sûre, et en plus j’ai pu me coller sous la scène avec une partie du parterre des 1ers rangs qui s’est levé dès la 1e chanson. Donc vue au top (oui paske si c’est pour n’avoir que le son, autant rester chez soi à écouter un CD, hein…), Occasion aussi de visiter un peu Nancy, où je n’avais jamais mis les pieds. C’est joli, un peu désert (début juillet faut dire…), et ça manque de transports en commun… Heureusement il y a le musée des Beaux Arts et le musée de l’école de Nancy. J’ai bien aimé le bar à chats, mais il a fermé peu après…

Placebo à Bercy le 11 novembre. Encore un « client » connu, mais plus aléatoire. Ici, musicalement c’était top : son nickel, à Bercy c’est pas gagné. Set list reprenant tout le nouvel album, fallait avoir potassé, et quelques vieux classiques. Et fin avec 2 covers : Shout de Tears for Fears, et Running up that Hill de Kate Bush, revenu à la mode grâce à Stranger Things, mais qu’ils avaient repris bien avant. Question échange avec le public en revanche, c’était un jour sans : Brian Molko n’a pas dit un mot, son collègue Stefan à peine mieux, ils ont enchaîné les morceaux sans s’arrêter. On était un peu loin alors s’ils ont échangé avec les premiers rangs, ça ne s’est pas vu, sauf quand à la toute fin du show, Stefan est allé dans la foule serrer des paluches, peut-être pour se rattraper. Et quand des vidéos des 2 frontmen étaient projetées, c’était avec des effets de parasitage façon vieille télé cathodique déréglée… Donc peu visibles, toujours le même angle, et musiciens de scène cachés et même pas cités… Du coup, le message projeté avant spectacle demandant de ne pas filmer ou passer le concert sur le téléphone, « pour ne pas gâcher la communion et la transcendance », ça fait doucement rigoler a posteriori… ‘fin bon, heureusement qu’on était entre copines et que la musique était bonne.

Le post-pangolin et autres événements m’ont motivée à enfin cocher des cases de ma to do list qui dataient :

– aller au Park Hyatt pour une soirée entre amis longtemps repoussée. Après la visite de la galerie Dior, c’était une bonne journée luxe, calme et volupté.

– pour mon premier « vrai » voyage à l’étranger depuis le pangolin, je suis allée aux Pays-Bas, pour retourner à Utrecht acheter la petite sœur d’une veste en cuir que j’adore, avant qu’elle soit trop usée (jamais trouvé ce que je voulais à Paris). J’ai d’autant mieux fait que la boutique, Hurricane Jackets, a fermé peu après.

Histoire de varier, parce que j’ai un peu fait le tour d’Utrecht (c’était ma 4e visite), j’avais pris Rotterdam comme base de séjour. Mais je n’ai pas été emballée par le mélange bobo-clodo-travaux et transports en commun en carafe, qui ne m’a guère dépaysé de Paris. Et l’architecture surtout moderne (bombardements oblige) manque de charme. Le Musée Maritime est très chouette, lui, avec notamment une salle interactive reproduisant une plate-forme pétrolière avec des bornes où on peut s’exercer aux divers métiers du secteur.

Heureusement, je suis allée dans la foulée à la Haye, dont j’ai apprécié le centre historique plus que les musées (sauf une belle exposition temporaire sur Mucha dans le Kunstmuseum excentré), et un charmant salon de thé à la japonaise, Hug the Tea. Et j’ai poussé en bus en fin de journée jusqu’à la plage de Scheveningen, juste pour le plaisir de marcher dans le sable en longeant la grève (en braillant les chansons de la Reine des Neiges II. Parce que la lumière et l’ambiance s’y prêtaient. La plupart des vacanciers avaient déjà déserté cette plage vieillotte, vue la météo maussade). J’y ai même dîné, pour assister aux 3mn où le soleil s’est montré entre les nuages.

Et dernier jour à Delft, petite ville mignonne, mais moins qu’Utrecht si on ne goûte pas la porcelaine bleue et blanche. On y trouve l’église où sont entourés les rois des Pays-Bas. Ils sont en train d’agrandir le caveau, d’ailleurs…

– je suis allée à Roubaix. … oui je sais, ce n’est pas forcément une destination qui fait rêver. Il y a des années, en visite dans le coin, j’avais prévu de découvrir la Piscine, son musée des Beaux-arts. Mais la file d’attente m’avait découragée. Je fais suffisamment la queue à Paris, pas envie de m’y coller en vacances aussi. Donc là, j’y suis retournée, à l’occasion une exposition temporaire sur William Morris, rattaché au courant des Pré-Raphaëlites, que j’affectionne. Magnifique musée aux collections variées, ça valait le déplacement. Et pause au très sympa Freyja Nordic Café.

Et visite aussi à Lille de la Citadelle et de son zoo (aussi sur ma liste, aussi repoussés plusieurs fois lors de mes séjours précédents). Il n’y a plus de bar à chats en ville (il a fermé), mais il y a un bar à chiens, le Waf : bruyant mais sympa.

River Phoenix : 23 août 1970 – 31 octobre 1993

Il y a quelque temps, j’ai vu « Coco« , le film d’animation sur le Jour des Morts dans la culture mexicaine. Ils exposent des photos de leurs morts, et les morts ainsi commémorés peuvent franchir le pont pour venir dans le monde des vivants ce jour-là. Normalement, c’est plutôt les gens qui vous ont connu personnellement, mais ça a aussi l’air de marcher pour Dela Cruz, un chanteur célèbre dans le dessin animé. Alors faute de trouver mieux à faire, je pose ça là. Un an de plus, poltergeist.

Ton entourage fait beaucoup parler de toi ces dernières années. J’espère que tu obtiendra ce que tu veux. Mais William Richert, qui t’a dirigé dans Jimmy Reardon et que tu as fait embaucher sur My Own Private Idaho pour jouer le rôle de Bob Pigeon, est décédé cet été. Et il semblait le seul à vouloir faire savoir qui t’a donné la drogue qui t’a tué (sans te dire ce que c’était).

Ces photos de ton dernier photo shoot, celui que tu as toi-même demandé à Michael Tighe… il y a des fans qui le trouvent hot, d’autres qui continuent à te voir comme un ange. Moi je m’étais toujours dit qu’on voyait dessus que tu n’étais pas franchement le boy scout qu’on essayait encore de vendre dans les médias… Et après avoir appris que tu avais demandé à le faire, avec Samantha, je me dis que c’était l’image que tu voulais laisser. Beaucoup plus sombre que celle que tu avais alors. Mais je ne sais pas comment la propager autrement.

Dessin de Chibird

Musique / fandom : A-ha sort un film, True North

… mais même les fans vont avoir du mal à le voir…

J’ai naguère poussé une gueulante contre le site de réservation de billets Gérard Drouot Productions. Et le manque de professionnalisme d’un certain groupe norvégien, la conjonction des deux m’ayant fait fuir ce fandom.

J’ai un peu raccroché les wagons, non par intérêt pour le groupe mais parce que j’ai des amis parmi les fans. J’ai donc su par eux que le groupe allait sortir un film, True North : « Le film True North mettra en avant des acteurs dépeignant la vie dans le Nord. Il sera entrecoupé de passage du groupe enregistrant leur album durant les deux jours passés à Bodø, en Norvège. » (Sic (transit gloria mundi. Alors si, ça veut dire quelque chose, mais ici ça n’a rien à voir))

« Worldwide » mais guère en France…

Moralité les @%€ algorithmes de FB et compagnie, liés à ma tendance à cliquer sur des liens quand ça peut intéresser les copains, font que j’ai regardé sur le site officiel du film pour voir s’il allait être visible près de chez eux.La réponse est : Mais comment ça me met hors de moi que des professionnels trouvent le moyen de FOIRER un truc aussi simple qu’une P#TAIN DE RECHERCHE DE LIEU.

ah ben c’est le True ch’nord…

Cad que si je clique juste sur « rechercher », ça me renvoie Lomme (près de Lille) et Charleroi (en Belgique).Je vais donc supposer que la recherche est géo-localisée, avec un périmètre assez important mais *indiqué nulle part* et de facto *non paramétrable*.

Si je cherche « France », j’obtiens uniquement Charleroi (qui est toujours en Belgique, donc). C’est seulement en lisant sur une autre publication poussée par FB sur mon mur que j’ai découvert qu’il y avait aussi des projections à Nîmes et Mulhouse.

C’est pas comme si des algorithmes de recherche de ville la plus proche de [un point donné], c’était rare, de nos jours. Je suis sûre qu’une simple recherche dans GitLab, voire dans Google, renvoie 300 modules déjà prêts. Mais non, apparemment les gens derrière le site de A-ha – True North ont semble-t-il préféré faire appel au stagiaire de chez Gérard Drouot Productions, ou à l’équipe de développeurs de SNCF Connect, je ne sais pas. Bref, si vous voulez voir le film… débrouillez-vous entre fans pour savoir si ça passe près de chez vous.

Et moi je continue à brûler les ponts…

Quant à moi, je vais continuer à fuir ce groupe de branquignols, et consacrer plutôt mes sous à mon nouveau fandom. Ça tombe bien, Yuzuru vient de laisser tomber la compétition pour devenir professionnel. Autant dire qu’il a plus que jamais besoin qu’on enrichisse ses sponsors. Et moi je suis tout à fait disposée à être sa sugar mommy son sponsor. Je voulais dire son sponsor.

Film : les Mitchells contre les Machines (Netflix)

J’ai pour une fois suivi l’algorithme de Netflix qui poussait sa production maison, ce long métrage d’animation dont j’avais aperçu plusieurs échos positifs.

Snapchat version longue

Et au final j’ai pensé « J’ai beau être moi-même misfit, j’en ai ras la casquette des films qui montrent des héros « atypiques » qui sauvent le monde ». Ici, on suit une famille qui se définit bizarre : une ado créative qui va rentrer dans une fac de cinéma où elle a l’impression d’enfin trouver des interlocuteurs qui la comprennent, son père bricoleur allergique aux ordis avec qui elle n’arrive pas à communiquer, une mère qui ne se sent pas à la hauteur de leurs voisins à la vie Instagrammable parfaite, et le petit frère fan de dinosaures (c’est censé être bizarre pour un gamin d’aimer les dinosaures?).

Le tout en mettant en garde contre les téléphones créés par un petit génie (mélange d’Elon Musk/Steve Jobs de 20 piges) qui se retournent contre l’humanité.

C’est bien fait (quoique je ne sois pas fan du style de dessin avec des collages patchwork moches façon « je viens de découvrir les filtres Snapchat »), dans le style épileptique moderne, mais ça a beau aller à 100 à l’heure, il y a un petit arrière goût d’ennui dû au discours téléphoné.

Au passage, c’est marrant comme tous les dessins animés des 15 derniers font l’éloge de la différence en étant au final tous bâtis sur le même scénario. (Dragons : un ado plus doué pour le dessin que pour la bagarre transforme son village de vikings barbares en centre d’entraide entre humains et dragons. Alors j’adore Crocmou hein, l’idée de faire un dragon qui a tout du gros chat ailé, c’était génial, mais bon… Ça devient vachement redondant la complainte des graphistes incompris à force). Surtout que ça n’a pas l’air de rendre le monde plus tolérant pour autant.

Financement participatif : le Tarot de Florence Magnin chez Nestiveqnen

La page sur Kickstarter

Ceux qui comme moi étaient de grands lecteurs de littérature de l’imaginaire dans les années 80 / 90 ont sans doute été marqués par les couvertures de Florence Magnin chez Présence du Futur pour la mythique série des Princes d’Ambre, de Roger Zelazny.

Après avoir sorti en 2020 grâce au financement participatif une monographie de Florence Magnin (qui a bien agrémenté mon mois de décembre 2020 et décore depuis ma bibliothèque), Nestiveqnen recourt à nouveau à ce principe, mais via Kickstarter, pour une réédition complétée et dé-ambrisée (pour des raisons de droits) de son Tarot de la Marelle. Il n’arrivera pas à temps pour Noël, mais il vous reste quelques jours pour y contribuer si vous souhaitez. Clôture le 20 décembre à 23h.

Le Tarot et sa boîte

Il sera accompagné d’un livret bilingue français/anglais sur le Tarot de Marseille afin de l’utiliser comme il se doit. Plus de détails sur le site de Nestiveqnen. Et page Kickstarter là.

La monographie de 2020

Comics : BRZRKR de Keanu Reeves, Matt Kindt, Ron Garney et Bill Crabtree

Entre deux films, une société qui crée des motos, un livre de photographies dont il a écrit les textes, et pour lequel il a monté une maison d’édition, et un featuring dans un jeu vidéo, Keanu Reeves a co-écrit avec Matt Kindt le scénario d’un comics, BRZRKR. Si on nous avait dit il y a 25 ans que le nouvel homme de la Renaissance, c’était Keanu Reeves (lui et Alexandre Astier), on ne l’aurait pas cru.

L’actualité (il tourne John Wick 4 à Paris depuis presque un mois et s’apprête à partir, si ce n’est pas déjà fait) m’a rappelé l’existence de ce comics, dont le premier recueil est sorti en septembre dernier (en VO. Pour la VF, il faudra attendre celle que va sortir Delcourt en mars). Deux autres doivent suivre pour terminer l’histoire. Ce comics a aussi l’insigne honneur de pulvériser le record de financement participatif sur Kickstarter pour un comic book, rassemblant la jolie somme de 1 447 212 $. Même si Boom Studios n’avait pas forcément besoin de cet argent, apparemment, mais cherchait surtout à faire connaître le projet à des gens qui ne fréquentent pas les magasins de comics.
https://www.kickstarter.com/projects/boom-studios/brzrkr-by-keanu-reeves-matt-kindt-and-ron-garney/
Et Netflix en a racheté les droits pour en faire une adaptation.

Un petit air de John Wick

Donc un petit tour chez Pulp’s Comics plus tard, ça ressemble à quoi, BRZRKR?

BRZRKR, outre sans doute une façon d’inclure les initiales de Keanu Reeves dans le titre, évoque le Berserker, nom de code d’un être immortel à la force surhumaine, qui travaille pour l’armée américaine. Pourquoi? Parce qu’ils lui ont promis de l’aider à trouver un moyen de devenir mortel… Il y croit assez moyennement, au vu des dialogues, ce qui n’est pas étonnant puisque ça fait presque 80 000 ans qu’il sillonne la planète. Mais comme il l’explique, il peut leur rester loyal, parce qu’il a besoin de se battre : dans ces 4 premiers chapitres qui nous racontent son histoire en flashback racontés à une médecin qui l’étudie, on découvre qu’il a été conçu pour défendre sa tribu, et qu’il est régulièrement saisi de rages destructrices. Ses missions pour l’armée US ne sont que la dernière façon en date de canaliser ses pulsions pour éviter de tuer… n’importe qui.

Un petit côté Sad Keanu

Niveau visuel, c’est très gore. « B. » n’a pas l’air de ressentir la douleur en plus de ne pas craindre la mort, alors il n’essaie même pas de se protéger quand il attaque une armée à lui tout seul. Les crânes volent en éclats, les boyaux giclent, les explosions se succèdent, et lui-même perd régulièrement des morceaux, qui repoussent d’une fois sur l’autre…

Niveau scénario, pour quelqu’un qui connaît un minimum le genre, le personnage principal est un espèce de mix entre Wolverine (machine à tuer avec capacités d’auto-régénération intégrées) et Dexter Morgan (de la série télé Dexter, pour les pulsions meurtrières que seul le passage à l’acte fait disparaître, et la façon dont son « père » l’a aidé à les canaliser vers un exutoire moins immoral qu’arracher les têtes de ses voisins). Avec la même dose de cynisme mêlé de regret quand il s’agit de reconnaître qu’il surtout bon à massacrer son prochain et à s’intégrer dans l’humanité (d’autant moins pour le Berserker qui voit mourir les gens autour de lui en plus de voir évoluer les sociétés, ce qui relativise beaucoup de choses).

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Nostalgeek : touche pas à mon Actarus

Dans notre série « on peut pu rien dire », je garde sous le coude cet échange vu ce jour sur un groupe sur Goldorak, pour le renvoyer à la gueule de ceux qui crient au facho à chaque fois qu’on déplore un changement majeur fait à un personnage emblématique pour coller à la mode…

C’est surtout que quand on a des souvenirs nostalgiques d’un personnage chéri, on a tendance à vouloir les conserver tels quels. Y compris ceux aussi futiles que la couleur du costume (même si ici il s’avère que ce n’est pas une « relecture » mais le design du pilote, inédit chez nous, mais néanmoins « légitime » d’un point de vue créatif). Ou la cigarette de Lucky Luke. Ou la bedaine de Groquik.

Parce qu’on nous vend de la graisse de boeuf au prix du caviar pour « lutter contre les premiers signes de l’âge », mais les plus douloureux signes de l’âge, ce ne sont pas les rides, c’est perdre les uns après les autres ce et ceux à qui tient. Et ça, aucun élixir de L’Oréal n’y peut rien. Les souvenirs de fiction, c’est la seule chose vers laquelle on peut toujours se retourner… Donc on n’apprécie pas que des margoulins les massacrent pour se donner bonne conscience ou pour vendre leur camelote.

Belated review : Babymetal at the Warfield Theater, San Francisco, October 4th, 2019

Doors opened at 7pm, we were in line at something past 6pm and there was already quite a line. Note : we went to see Babymetal, not the other ladies show… In the morning, we had passed by the venue to check the itinerary, because the center of San Francisco seemed to have become less safe since I had been there the last time, and I didn’t want to walk through shady streets at night. As it turned out, it gave us the opportunity to walk by 2 tour buses that probably were Babymetal’s. I didn’t see any known face and I didn’t stay around, but it was a nice start to the day anyway.

Good surprise : though the few streets around are gross and feel unsafe, the Warfield Theater itself is a wonderful old-fashioned theater with golden balconies and, wonder of wonders : a floor in levels! So I stuck behind a guy leaning against the rail-thingy (with space for drinks) of the second level, which still was quite close from the stage but guaranteed me that I would see (I’m only one inch or two taller than Moametal). Yaye!

Opening band was the Swedish metal band Avatar, delivering great melodies with a freak show (singer Johannes has Joker-like make-up clown), very fun, quite loud too but the sound balance was excellent. If the singer sang instead of growling, I might listen to it more. In the end, the singer said it was their last show of this tour and they’d come up with an idea for their upcoming album, requiring a crowd shouting a word. So he asked us to shout « Silence« , several times. « I you don’t consent to be recorded, then just don’t shout. Shouting now is your consent. If you agree now and change your mind later, then good luck finding your voice and saying ‘I want you to remove my voice’. I’m gonna make you stars. Now you make me famous. »
So, fingers crossed, if they do as planned, I’ll be featured on a metal song 😁

Next came up our little fox ladies, Babymetal. The 3rd (rotating) girl who replaces Yuimetal for the dance part was Riho Sayashi, like in London. Thanks to our spot and this yaye-venue, I was able to see all of the choreography from close, which is rare. Double yaye! Because usually I only get to see from far, or between a sea of arms / heads, so it’s either a fragmented view of details, or an ensemble from far. Here I had the best of both worlds because I was close enough to see the artists expression AND the whole dance routines from Mikiko, their choreographer. I recorded some videos (though they’ll probably be struck at some point, but we’re all Babymetal deprived these days so I hope you’ll get to enjoy them) :

Babymetal at the Warfield – San Francisco – Shanti Shanti – YouTube

I had left my camera at the hotel, not knowing if they were allowed, so I only took pics and videos with my Huawei. And because I was close enough and the lighting was as awesome as always, it was enough to capture okay shots on the 2 songs I did. I failed to get a really good pic of Riho though, because when she was on the left, there was often a guy blocking the view.

Since they were on time, we were out by 10:30pm and had dinner in a slightly upscale Izakaya nearby, Ginto, because… We were fed up with bad food and hadn’t been to a proper restaurant since we had arrived in California almost a week before. Besides, it was a nice fitting end to that day to have proper Japanese food (tempura yaye!).

River Phoenix, la vérité un jour?

On ne s’attend pas à voir beaucoup d’actualité sur un acteur mort depuis plus de 20 ans. Et pourtant ça arrive.

Certes, un an après avoir sorti son album inspiré de lui, la plus âgée des soeurs de River, Rain Phoenix, continue son podcast musical engagé, Launchleft, où elle interviewe des artistes établis qui lancent des artistes moins connus. Elle a fait sur Instagram un appel à témoignage pour les 30 ans de My Own Private Idaho (en septembre prochain), un film culte de la filmographie de River, demandant aux gens de témoigner si et comment le film les avait aidés à faire leur coming out, ou s’ils ont une autre connexion au film. Ils vont également vendre des cartes postales en édition limitée sur leur boutique en ligne, au bénéfice d’une association LGBT.

Ils se sont aussi associés pour le mois avec le River Phoenix Center for Peacebuilding, l’association montée par sa mère en Floride.

Mais il n’y a pas si longtemps, j’ai découvert le compte Facebook de William Richert, un réalisateur est l’auteur de A Night in the Life of Jimmy Reardon, un des premiers films où River avait la vedette, à 16 ans, et que River a ensuite convaincu de jouer le rôle du « protecteur / souteneur » de la bande de jeunes prostitués mâles dans My Own Private Idaho. Il y milite d’une part pour les droits des auteurs à Hollywood, et d’autre part pour faire entendre sa vérité au sujet de River, à savoir des informations assemblées par divers témoignages de proches, dont Samantha Mathis, qui était la petite amie de River à l’époque. C’est long et si vous lisez l’anglais, tout est détaillé ici avec également les informations fournies par le rapport d’autopsie (disponible en ligne, si vous voulez vérifier…);

En résumé, bien que la mort de River ait été présentée en général comme un malheureux accident de junkie, son autopsie ne révèle aucun signe de consommation régulière et assidue de drogue. Ce qui vient plutôt à l’appui des témoignages disant qu’il était un consommateur occasionnel, et de celui de son dernier réalisateur, George Sluizer, qui était persuadé que River était clean sur le tournage de Dark Blood (au fin fond du désert près de Salt Lake City). Et que contrairement à ce qui a été raconté à l’époque, il ne s’est pas fait un shoot au Viper Room, mais a consommé le contenu non identifié d’un gobelet en carton filé par un guitariste de ses amis avec le commentaire « Prend ça, tu vas te sentir d’enfer ». Ce qui n’est quand même pas exactement la même chose.

La dernière séance photo, par Michael Tighe

Là où ça devient encore plus glauque, c’est que le musicien en question, John Frusciante, aurait menacé de le tuer quelques semaines plus tôt quand River l’avait forcé à aller en cure de désintoxication. Et que l’enquête sur la mort de River aurait été arrêtée à la demande sa mère, Heart Phoenix. On se demande bien pourquoi. On se demande si ça a un rapport avec le fait que leur avocat est le même que celui des Red Hot Chili Peppers, dont John Frusciante était le guitariste à l’époque. Il a d’ailleurs quitté le groupe peu après (il n’était de toute façon pas en état de jouer pendant plusieurs années ensuite), y est revenu, en est reparti (pour les mêmes raisons)… Et pour être tout à fait honnête, je n’étais pas mécontente que lorsque j’ai enfin saisi l’occasion d’aller voir le groupe, à Birmingham (en partie pour voir les Babymetal en première partie), il était remplacé par le jeune et talentueux Josh Klinghoffer.

Bref… je ne dis pas que c’était un ange. Mais juste que l’image qu’il s’est colletée pendant 20 ans est tout aussi fausse que les étiquettes portées de son vivant.