Quand j’étais au lycée dans une ville de province, ma famille habitait en maison de ville avec un petit jardin. Une fois mon chien emporté par la maladie, un chat a commencé à nous rendre visite, comme cela arrive souvent avec ces animaux. C’était un chat de gouttière tigré, soit le même genre que le seul et unique matou qu’on avait eu jusqu’ici (lui aussi avait choisi notre maison pour y séjourner de sa propre initiative). Il faisait beau, la porte de la cuisine restait souvent ouverte sur le jardin, il allait et venait en toute liberté en quémandant câlins et grattouilles au passage. On lui avait installé deux gamelles, mais il était encore à moitié errant.

Ranma garçon et Ranma fille
A l’époque, le dessin animé Ranma 1/2 (« Moitié soleil et moitié pluie » 🎵🎶 *) passait à la télé. J’aimais beaucoup les histoires de Rumiko Takahashi, loufoques et sensibles. Ranma 1/2, c’est l’histoire d’un adolescent (Ranma) entraîné par son père depuis l’enfance aux arts martiaux. Suite à une chute dans une source magique, il se transforme en jeune fille dès qu’il est aspergé d’eau froide (à l’image de la dernière créature s’étant noyée dans la source). Il reprend sa forme masculine au contact de l’eau chaude.
Pour quelque raison (son agilité? Son sans-gêne à s’incruster?), j’ai décidé de baptiser notre petit visiteur velu Ranma.
Un beau jour ensoleillé, je rentre à la maison par la cuisine. J’y trouve le chat, en train de manger ses croquettes tranquillement. Je lui grattouille le popotin et je passe au salon. Où je vois le chat enroulé sur le canapé, plongé dans un sommeil félin de bûche.
Je m’arrête, saisie d’un vertige existentiel. Ne viens-je pas de voir notre matou tigré à la cuisine ? M’aurait-il doublé sans que je le voie? Ai-je oublié de me réveiller et suis-je en train de rêver?
Je me retourne : le chat est toujours en train de manger, la truffe dans la gamelle. Je regarde à nouveau le canapé : le chat y dort encore.
Un… plus… un…
« Alaaaaaaarme! On a deux chats! »

Je n’ai pas de photo d’eux mais un mélange aurait donné ça
En rapprochant les deux, on se rend compte qu’ils ne se ressemblent pas tant que ça : d’un côté, un jeune mâle tigré gris joueur et sociable, le chat idéal. De l’autre, une petite femelle trapue un tantinet caractérielle, au pelage marbré tirant sur le brun.
Mais comme ils avaient dû venir séparément jusque-là, se comportant tous deux comme s’ils étaient chez eux, on n’avait pas imaginé qu’il y avait 2 Ranma. Un mâle, une femelle. Un grand, une petite.
J’ai songé un moment les appeler Ranma-kun (pour le mâle) et Ranma-chan comme dans le manga, mais au final ça a été Ranma et Akane (du nom de la fille que Ranma est censé épouser). En partie parce qu’ils n’arrêtaient pas de se fritter, comme leurs alter-egos de papier.

(on a su plus tard que la vieille dame de la maison voisine nourrissait régulièrement Ranma avec les autres chats errants du quartier, mais il nous a adoptés. Quand à Akane, elle « appartenait » à des gens un peu plus loin dans la rue, chez qui elle retournait dormir tous les soirs. C’est juste qu’elle préférait passer l’essentiel de sa journée chez nous…)
Moralité : méfiez-vous des noms que vous donnez. Ne baptisez pas votre fils Hannibal si vous ne voulez pas aller lui rendre visite en prison de haute sécurité pour avoir cuisiné des mets spéciaux. Et ne l’appelez pas Profion sous peine de le voir devenir un mage maléfique.
*Tu l’as vu passer, le Freaky Friday sournois en tapinois?

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