Parisienne mais presque : Je suis allée à Grand Train…

Grand Train

Et je ne comprends pas l’intérêt. A part dire qu’on y est allé, et de se donner un frisson d’underground que ça n’est pas du tout, il n’y a qu’à voir la file d’attente à l’entrée. Faire la queue à 50 ou 100, bonjour l’underground. Le seul aspect warrior, c’est la traversée du quartier pour y arriver. Et avec le bataillon de vigiles pas aimables qui filtrent à l’entrée et quadrillent le secteur, on se sent vachement rassuré. La prochaine fois que je veux me détendre autant, je vais visiter une caserne…

Je l’ai déjà dit, j’apprécie le côté bobo quand ça rime avec bons produits et démarche éthique, mais là, je trouvais l’offre plutôt étique et attrape-bobos. En fait, tout ça dégageait surtout une forte impression de déjà vu. Entre le Comptoir Général (avec son brunch peu fourni servi dans des couverts de cantine défraîchis, au prix d’un vrai dans un bon restaurant – oh tiens, c’est rigolo : au moment où j’écris l’article, leur page Facebook publie des photos d’un shooting de mode pour Vogue Vietnam. On sent le côté alternatif refus du système, là…), la Recyclerie etc, le style « de bric et de broc avec des pointes de culture pop dedans » où on vous fait payer le vieux d’occasion au prix du neuf, ça commence à devenir un gros cliché. Les stands de nourriture, pareil : toutes plus clichés les unes que les autres, avec le burger à 14,50 Eur.

Grand Train

S’il tatoue comme il dessine, non merci

Les animations changent tous les week-ends. Brocante Scandinave – ce jour-là – soit déjà dévalisée, soit pas très fournie. Chanteur qui m’a inspiré « Non mais en fait c’est pas mal les chansons qui ont du rythme » – les siennes n’en ayant pas. Stand de tatouage « flash » : un motif prédéfini à choisir parmi une planche de dessins, fait en 5 mn pour 60 Eur. L’occasion de se singulariser en faisant la même chose que les autres. Slogan : « 5 mn de douleur pour une vie de bonheur ». Punaise, si te faire tatouer un truc que tu n’avais jamais vu avant de venir suffit à éclairer ta vie, c’est qu’il faut que tu te trouves des hobbies… Tout ça pour un taux horaire équivalent à 6-7 fois celui de mon médecin.

Au moins ça m’a donné matière à rire. Jaune, un peu. Ah si, un truc intéressant : les vieilles locos sont sympas. Next.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Le Bingo Bobo

Les beaux jours reviennent (vous remarquerez que j’ai dû attendre la mi-juillet pour poster cet article…), et avec eux l’occasion de sortir de chez soi pour aller glandouiller en terrasse ou dans un restaurant. L’occasion aussi d’observer la faune locale.

bingo bobo_1

Vous vous souvenez de ces jeux d’observation qui permettaient de passer le temps durant les longs trajets en voiture, avant qu’on invente les DVD et qu’on miniaturise les lecteurs pour en équiper les moutards à l’arrière? Je vous présente l’équivalent moderne et citadin, avec mon Bingo Bobo (je ne sais pas pourquoi WordPress ne permet plus de voir la version « taille réelle » depuis une image, désolée) :

bingo bobo

N’oubliez pas de vous mettre à l’affût dans des lieux de nidification ou de parade nuptiale des bobos : rue Montorgueil, canal Saint-Martin, magasins bio, etc…

A vos tablettes, et bonne chasse!

(bon, je me moque, mais la semaine dernière, j’ai acheté du café à un torréfacteur de quartier. Alors ma gueule).

P.S. : en fait, je me rends compte que ce ne sont pas les endroits / gens bobos, que je n’aime pas. Ce sont les bobos snobs (que j’avais appelés « snobobos » dans un article précédent), et ce n’est (heureusement) pas le cas de tous. La démarche des bons produits, quand en plus elle accompagne un service client sympathique, je ne peux pas critiquer : ça donne de jolis résultats. Mais bon, des fois, les clichés qui se vérifient… C’est drôle.

Le réveillon de Parisienne mais presque

C’était le 31 décembre, dernier jour d’une année pas forcément terrible. Je profite de mon congé pour aller faire quelques emplettes de fête.

11h : Faire des courses pour le repas du réveillon. Rire sous cape d’un hipster (barbe, jean tellement troué qu’un SDF n’en voudrait pas, manteau long « camel » en pure laine d’alpaga et sans boutons, chemise de bûcheron à carreaux rouges et noirs, qui achète une caisse de champagne et 3 sachets d’amuse-gueules).

15h : Aller à Colette (NDLR : acheter un produit cosmétique qu’on ne trouve que là, croiser devant Karl Lagerfeld qui venait sans doute d’y faire provision de magazines pointus, passer ensuite chez Eric Kayser prendre des viennoiseries et quelques madeleines pour le petit déjeuner, et finir en remontant la rue Sainte-Anne pour acheter du sake pétillant Mio dans une épicerie japonaise.

jesuisuncliché

Oui, bon, ma gueule, je suis moi aussi un cliché ambulant.

Non mais je ne suis pas complètement bobo… Si si, je vous jure. Au pire, je suis bob.

Non mais j’ai des raisons rationnelles de ne pas aimer les hipsters et autres victimes de la mode : ce sont les ex-enfants cool et friqués qui se moquaient des enfants binoclards, ou qui jugent tous ceux qui ne suivent pas les tendances, soit par manque de moyens, soit par manque d’intérêt. Et maintenant, « par ironie », ils ont mis à la mode tous les trucs dont ils se moquaient il y a 10 ans : les lunettes à grosse monture, les chemises de bûcheron, etc. C’est bien la preuve que leurs goûts leur sont dictés par les cabinets de tendance et ne reposent sur aucune valeur propre.

Et puis s’habiller avec des vêtements qui ont l’air mangés par les mites, artificiellement vieillis à coup de ciseaux et de produits toxiques par des gamins indiens ou chinois qui vont en choper un cancer du poumon à 30 ans, vendus 10 fois le prix de vêtements sans trou, je ne sais pas si c’est du snobisme, du mépris, ou de l’idiotie, mais j’ai du mal à adhérer au concept. Surtout quand les mêmes acheteurs viennent te donner des leçons de morale sur le bio et le commerce équitable.

Bref.

riche_plus riche que soi_s

(source : Riche, pourquoi pas toi, de Marion Montaigne and co)

De toute façon, Colette, c’est parfois du luxe, mais c’est quand même beaucoup de la frime : dans leur gamme de téléphones portables de luxe à boîtier en platine ou autre (1800 eur), ils ne vendent même la marque Vertu – des téléphones construits à la main en Angleterre. 18 000 eur en moyenne. Pour vous dire, l’étui seul coûte le prix d’un iPhone 6. Quand je pense à tous les kikous qui croient faire riche en exhibant leur iMachin, je me gausse… Le jour où tu peux claquer 20 kEur dans un téléphone qui sera techniquement dépassé en moins de deux ans, là OUI, tu es riche. (Ou débile, si pour ce faire tu t’es endetté sur 2 ans).