Transports en commun : Doute en train

Episode 6 : Doute en train

En route pour Roissy, via un RER B
direct aéroport. Contrôle des billets.
Une petite Asiatique qui s’était endormie
Désigne sur un plan l’arrêt de Saint-Denis,
indiquant sans parler où elle voulait aller.
L’arrêt est loin derrière, et son ticket mauvais.
Le contrôleur hésite à la verbaliser.
Le réseau est complexe, elle ne parle pas français.
Sa collègue est plus dure, et lui file une amende.
Et au prochain arrêt, il faudra qu’elle descende.
L’infortunée touriste sort au terminal 1…
J’arrive au terminus, et sort aussi du train.
En route pour mon avion, qui vois-je devant moi?
La touriste perdue, pas si perdue que ça.
Intriguée, je la suis : elle marche d’un bon pas
Jusqu’au hall d’arrivée du terminal 2A.
Elle y retrouve des gens qu’elle emmène avec elle.
Le bénéfice du doute finit à la poubelle.

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(je vous ai déjà dit que j’étais curieuse comme un chat? J’ai horreur de ne pas connaître la fin d’une histoire. Quand la fille a déboulé devant moi sur le tapis roulant, je n’étais pas sûre que ce soit la même passagère, car j’étais persuadée qu’elle était descendue à l’arrêt précédent pour reprendre le RER dans l’autre sens. Mais outre la dégaine, j’ai reconnu son sac à man. Elle avait donc dû prendre la navette pour rejoindre ce terminal… Et moi, puisque j’avais de l’avance avant l’embarquement, je l’ai suivie pour avoir le fin mot de l’histoire : perdue ou pas perdue? Moi qui croyais la contrôleuse sévère… elle avait raison).

Transports en commun : God save the chouine

Episode 5 : God save the chouine

Un père et ses choupettes discutent calmement.
Ils viennent d’Angleterre en passant par Rouen.
Un bambin trébuchant descend l’allée centrale.
Plus jeune que la cadette, il veut jouer avec elle.
Il est à l’âge chiant qui ne sait ni parler
Ni jouer autrement qu’en cassant des objets.
Au bout d’un long moment, sa mère vient le chercher.
Dix minutes plus tard, revoilà le boulet.
Cette fois il tend la main pour tirer les cheveux
De la gamine blonde. Elle crie, ça fait des noeuds.
Son père la libère, et sa soeur s’interpose.
La mère du petit con revient chercher sa chose.
Sans s’excuser pour lui, elle le ramène au nid.
Peu après rebelote, le monstre resurgit.
Sans éclat, père et fille protègent la gamine,
Ecartant le bambin, qui contrarié en chouine.
Ils n’osent pas râler, ayant de bonnes manières.
Je ne sais qui baffer, du fils ou de la mère.

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(j’étais tellement embarrassée au nom de mes compatriotes par la mauvaise éducation de la mère et du fils, que j’ai passé le quart d’heure restant à faire la conversation à la petite famille anglaise, essayant de détourner l’attention des deux gamines de leur contact traumatisant avec le petit barbare, et expliquant à leur père l’itinéraire pour rejoindre leur hôtel via les transports parisiens, leur laissant ma carte du métro au passage… Non mais je vous assure, les français ne sont pas TOUS des brutes. Y’en a même qui parlent anglais. Désolée.).

Transports en commun : les touristes du Thalys

Episode 4 : les touristes du Thalys

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On part de bon matin vers des terres lointaines,
bercés par des annonces dans des langues germaines.
Serons-nous dérangés par de jeunes fêtards
En route pour goûter les bataves pêtards?
Tiens, non : ce sont des vieux, des actifs en troupeau,
Qui investissent la rame, comme des jeunes en colo.
Ils prennent des nouvelles, parlent de tout et de rien,
A l’heure où j’aimerais bien somnoler dans le train.
Au bout d’une heure de temps, voilà qu’ils sortent un plan
Et égrènent des noms : Van Gogh, Museumplein,
Madame Tussaud, le port, le quartier rouge, le Rijks.
Ne trouvant pas d’accord, ils commencent des listes
De qui veut voir quel site, pour former un programme.
C’est un peu tard quand même, à une heure d’Amsterdam!

(je sais, il faut que j’arrête les alexandrins)

 

Transports en commun : la mère sévère*

De retour à nos passagers pénibles qui nous feraient presque préférer rester chez soi…

Episode 3 : la mère sévère*

Un retour de week-end riche en événements.
La voiture est vieillotte avec compartiments.
Un jeune homme se propose pour monter nos bagages
Dans l’espace au-dessus des deux rangées de sièges.
Durant tout le trajet, il révise sagement
Un examen quelconque aidé de sa maman.
Une passagère se lève à une gare peu requise,
Et sans rien demander récupère sa valise.
La mère tance son fils, qui se levait déjà
pour aider l’inconnue, mais trop tard, ce goujat.
Celle-ci le remercie, insistant lourdement
Pour alléger sa faute aux yeux de la maman.
La voyageuse partie, la mère râle encore.
Je sens que le fiston va partir aux Açores…

(non, je ne sais pas pourquoi je l’ai écrit en alexandrins).

* c’est ballot : si ça avait été un père, ça aurait fait un jeu de mots certes connu mais de circonstance.

PS : contrairement à ce que ces portraits pourraient laisser penser, parmi les voyageurs déplaisants, je n’ai pas rencontré *que* des pères chiants ou même des hommes chiants. Il y a aussi des femmes, si si. Il y en avait d’ailleurs une dans mon carnet de voyage « Pont dans la gueule ». La plupart du temps, c’est le genre mamie bavarde qui tient absolument à te tenir la jambe pendant tout le trajet avec le récit de sa vie, généralement quand tu avais prévu un tas d’occupations pour le trajet.

Transports en commun : le père menteur

Episode 2 : le père menteur

Un passager de TGV vient demander à la cantonade si quelqu’un ne veut pas aller prendre place dans l’espace famille en fond de wagon : son enfant est dans la section principale de la rame, et il ne veut pas l’y laisser seul, ce n’est pas très sûr même si c’est un TGV, c’est un bon père vous comprenez.
On ne voit pas l’enfant.

Une passagère perplexe, elle-même mère de famille et voyageant avec ses bambins, lui demande pourquoi il n’a pas pris des billets côte à côte, ou pourquoi il ne prend pas tout simplement le gamin avec lui là-bas, quitte à l’asseoir sur ses genoux. Circonvolutions embarrassées du bon père de famille, qui finit par s’énerver de devoir se justifier. A force de s’emmêler les pinceaux, il s’avère que l’enfant ne voyage pas seul du tout : il est avec sa mère. « Oui mais je veux voyager à côté de lui, je suis son père ».

Un peu plus tard, je fais un tour dans l’espace famille histoire d’en savoir plus : c’est la fin de la rame et l’espace confiné est bizarrement surchauffé. Aaaah, ok. En fait, ce n’est pas par souci de lien parental que tu voulais des places dans le reste du wagon : c’est juste que tu préférais que ce soit quelqu’un d’autre qui subisse le chauffage mis à fond.

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(GIF pompé à Lily de TPMB dans une autre vie… 😉 )

Moralité : il ne faut jamais se précipiter pour rendre service aux bonnes âmes en détresse : la moitié du temps, ce sont juste des connards qui veulent profiter des bonnes poires.

Transports en commun : le père sans gêne

« L’important dans les voyages, c’est les rencontres », disent certains.

Personnellement, il y en a plein dont je me serais passée. Par exemple…

Episode 1 : le père sans gêne

Un passager d’Eurostar, avec sa fille de 3 ans 3/4 sur les genoux, qui s’épanche sur ton épaule sur le fait que quand même, ce n’est pas confortable, ni pour elle, ni pour lui, parce que quand même, le trajet est long de Londres à Paris. Vu qu’on t’impose la conversation, tu t’enquiers envers lui sans réelle curiosité de la possibilité d’acheter un billet enfant. Ah ben oui mais c’est cher, en dessous de 4 ans ils peuvent voyager sans billet tant qu’ils voyagent sur les genoux d’un adulte, alors il a préféré ça. Mais c’est vrai qu’elle commence quand même à être grande et lourde.

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Je ne suis pas obtuse. J’avais parfaitement compris qu’en fait, il voulait que je lui cède ma place pour sa gamine, et que j’aille errer dans les wagons à la recherche d’une place libre, ou d’un strapontin dans l’inter-wagon bruyant, voire que je passe les 3h de trajet debout au wagon-bar. Enfin que j’aille n’importe où, quitte à sauter du train en marche, tant que je lui laisserai la place. Il s’y attendait sans doute d’autant plus que je suis du sexe féminin, et donc forcément emplie d’instinct maternel à vouloir me sacrifier pour le confort du premier chérubin venu.

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