Lecture : Big Fan, de Fabrice Colin

C’est un étrange roman en trois histoires parallèles que nous présente Fabrice Colin. D’abord, une biographie détaillée du groupe anglais Radiohead, émaillé de commentaires acerbes.

Sans intérêt. L’aspect commercial n’a jamais été un problème pour Radiohead. Seul l’aspect artistique importe. On croirait que tu parles de l’un de ces groupes indie stupides qui ne vivent que pour ne pas vendre de disques.

On devine assez vite que ceux-ci sont l’oeuvre de Bill Madlock, dont les lettres constituent la deuxième partie du roman. Il y décrit son quotidien depuis une prison, sans qu’on sache pourquoi il y est détenu. Il parle aussi d’une conspiration qu’il espère déjouer, d’un clone quantique et d’une imminente fin du monde. Le troisième récit en parallèle est celui de sa vie, jusqu’à ce qui l’a conduit en cellule. Au fil des pages, on découvre les théories alambiquées qu’il a construites autour de Radiohead et de son chanteur Thom Yorke.

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C’est là que la biographie du groupe est utile, pour les lecteurs qui, comme moi, ne sont pas des experts. Bill Madlock alias Gros Bill, c’est un fan de la variété la plus extrême, celui pour qui la musique devient le centre du monde, et l’artiste le sauveur du monde… à protéger à tout prix.

L’ensemble est assez prenant, même s’il parlera sans doute plus aux fans de Radiohead qu’aux béotiens. Un portrait intéressant de fan « extrême ».

Avec tout le respect que je lui dois, Bill Madlock ressemble au cinglé qui sommeille en moi : le fan que nous voudrions tous être et que nous avons probablement été, quelques semaines durant, aux alentours de nos quinze ans.

Big Fan, roman de Fabrice Colin, Editions Inculte, 2009