Ironie: le mec qui dit à ses collègues qui discutent de série télé « j’ai dû interpréter ce que vous disiez, parce que moi Games of Thrones je le regarde en anglais » se moque ensuite de la fille qui joue à Candy Crush. Après avoir entendu vos conversations entre collègues au déjeuner, mon gars, ce n’est pas étonnant qu’elle veuille jouer à Candy Crush. Elle a largement du temps de cerveau disponible pour suivre les deux en même temps…
C’est terrible, après avoir passé mon enfance dans la peau d’une geek et être maintenant assez acclimatée pour faire illusion (voire ne plus trop me sentir geek, parce que mes centres d’intérêt ont changé et que de ce fait, je ne suis plus trop au courant), j’ai l’impression que tous les Moldus se sont transformés en geeks. Et au lieu de me réjouir, ça m’énerve, parce qu’ils sont toujours aussi méprisants (envers tous ceux qui ne geekent pas comme eux). Encore une histoire de mode. De in et out, de cool et pas cool.

Shorty et T-shirt de sport / nuit Batman et Star Wars chez H&M
Par exemple, on trouve des leggings aux motifs comics, on peut s’habiller aux couleurs de Batman ou Spider-man (t’as vu Lost in Chapter 13. Grâce à toi j’ai retenu la leçon!) dans la grande distribution, même pour adultes, y compris des sous-vêtements plus ou moins sexy Star Wars. Par contre, lire des comics, c’est toujours « trop nolife ». Ouate de phoque, je vous le demande… Remarquez, je fais peut-être fausse route. Peut-être que pour les gens en question, la chose incompréhensible et répréhensible n’est pas les comics, mais le fait de lire…
Truc rigolo (… si on veut) sur le harcèlement de rue : les t-shirts de geekette (super-héros, dessin animé) sont apparemment de vrais repoussoirs (sauf pour les geeks, mais ils sont généralement trop timides pour être agressifs dans leur lourdeur dans la rue : ils gardent les commentaires égrillards pour en discuter entre eux après, comme n’importe quel mec). Et plus on avance en âge, plus c’est le cas, comme si même arborer la plastique sexy de Batgirl dessinée par John Byrne était un symptôme de non-sexytude absolue. Vous me direz que plus on avance en âge et moins on est emmerdé par les harceleurs de rue de toute façon. Mais d’une part, ces messieurs-là semblent être en manque et croire que toute femme est une marie-couche-toi-là qui ne demande qu’à être abordée pour leur ouvrir les cuisses, et d’autre part, une certaine catégorie de ces gars semble espérer tomber sur une bonne poire esseulée qui les entretienne. Notez bien que quand on voit certaines histoires, on se dit qu’ils ont raison de tenter leur chance, il y en a sur qui ça marche. Mais le t-shirt geek, par contre, ça les refroidit. Remarquez, c’est peut-être le même syndrome que le paragraphe au-dessus : la peur des femmes qui lisent. Ou la peur des femmes qui ont pour modèles des super-héroïnes qui te pètent la gueule si tu la ramènes, au lieu d’attendre qu’un prince charmant vienne les sauver.
Et le clivage est le même pour Pokémon Go. Cad que d’un côté la moitié du monde semble y jouer, y compris des gens pas forcément branchés Pokemon ou jeux vidéos. Et l’autre moitié du monde les traite d’un air condescendant parce que « non mais c’est quoi ce jeu de débiles ». Ben moi, tantôt, j’étais dans le jardin des Halles, en attendant que ma couette finisse de sécher à la laverie. A côté de moi, il y avait un petit groupe d’ados en train de chasser. J’ai failli répondre quand une des filles a demandé à ses potes où était le Bulbizarre (j’étais en train d’essayer de le choper moi-même), mais je me suis retenue. Et 2 mn après; voyant que j’étais toujours là mon téléphone à la main, un des garçons a demandé un peu timidement « Vous jouez aussi? », et a souri quand j’ai répondu oui. Apparemment content de voir que ce n’était pas qu’un truc de sa génération, et qu’il y avait des adultes au look à peu près normal qui y jouent aussi – et qui donc, ne le jugent pas.
Alors vous savez quoi? Moi et tous les autres, on fait ce qu’on aime et on vous em…