Entre deux films, une société qui crée des motos, un livre de photographies dont il a écrit les textes, et pour lequel il a monté une maison d’édition, et un featuring dans un jeu vidéo, Keanu Reeves a co-écrit avec Matt Kindt le scénario d’un comics, BRZRKR. Si on nous avait dit il y a 25 ans que le nouvel homme de la Renaissance, c’était Keanu Reeves (lui et Alexandre Astier), on ne l’aurait pas cru.
L’actualité (il tourne John Wick 4 à Paris depuis presque un mois et s’apprête à partir, si ce n’est pas déjà fait) m’a rappelé l’existence de ce comics, dont le premier recueil est sorti en septembre dernier (en VO. Pour la VF, il faudra attendre celle que va sortir Delcourt en mars). Deux autres doivent suivre pour terminer l’histoire. Ce comics a aussi l’insigne honneur de pulvériser le record de financement participatif sur Kickstarter pour un comic book, rassemblant la jolie somme de 1 447 212 $. Même si Boom Studios n’avait pas forcément besoin de cet argent, apparemment, mais cherchait surtout à faire connaître le projet à des gens qui ne fréquentent pas les magasins de comics.
https://www.kickstarter.com/projects/boom-studios/brzrkr-by-keanu-reeves-matt-kindt-and-ron-garney/
Et Netflix en a racheté les droits pour en faire une adaptation.
Donc un petit tour chez Pulp’s Comics plus tard, ça ressemble à quoi, BRZRKR?
BRZRKR, outre sans doute une façon d’inclure les initiales de Keanu Reeves dans le titre, évoque le Berserker, nom de code d’un être immortel à la force surhumaine, qui travaille pour l’armée américaine. Pourquoi? Parce qu’ils lui ont promis de l’aider à trouver un moyen de devenir mortel… Il y croit assez moyennement, au vu des dialogues, ce qui n’est pas étonnant puisque ça fait presque 80 000 ans qu’il sillonne la planète. Mais comme il l’explique, il peut leur rester loyal, parce qu’il a besoin de se battre : dans ces 4 premiers chapitres qui nous racontent son histoire en flashback racontés à une médecin qui l’étudie, on découvre qu’il a été conçu pour défendre sa tribu, et qu’il est régulièrement saisi de rages destructrices. Ses missions pour l’armée US ne sont que la dernière façon en date de canaliser ses pulsions pour éviter de tuer… n’importe qui.
Niveau visuel, c’est très gore. « B. » n’a pas l’air de ressentir la douleur en plus de ne pas craindre la mort, alors il n’essaie même pas de se protéger quand il attaque une armée à lui tout seul. Les crânes volent en éclats, les boyaux giclent, les explosions se succèdent, et lui-même perd régulièrement des morceaux, qui repoussent d’une fois sur l’autre…
Niveau scénario, pour quelqu’un qui connaît un minimum le genre, le personnage principal est un espèce de mix entre Wolverine (machine à tuer avec capacités d’auto-régénération intégrées) et Dexter Morgan (de la série télé Dexter, pour les pulsions meurtrières que seul le passage à l’acte fait disparaître, et la façon dont son « père » l’a aidé à les canaliser vers un exutoire moins immoral qu’arracher les têtes de ses voisins). Avec la même dose de cynisme mêlé de regret quand il s’agit de reconnaître qu’il surtout bon à massacrer son prochain et à s’intégrer dans l’humanité (d’autant moins pour le Berserker qui voit mourir les gens autour de lui en plus de voir évoluer les sociétés, ce qui relativise beaucoup de choses).
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