Mes aventures de fan : je suis l’éloquence faite femme (ou pas)

J’ai un petit défaut: j’ai beaucoup d’amour propre et je refuse de m’abaisser à des manoeuvres faciles pour me faire remarquer. Voire même aux habituels ronds de jambe destinés à mettre du liant dans les relations sociales artificielles comme celles entre artistes et fans.

Résultat : vif succès, on ne me remarque pas du tout… Ou alors pas en bien.

Pour preuve de mon handicap, ci-dessous un récit de mon fabuleux échange avec le batteur après le concert d’un artiste dont je tairais le nom.

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Je reste à l’affût pendant que la poétesse lui tient le crachoir (une fan qui, elle, fait ce qu’il faut pour se faire connaître d’un groupe : poster régulièrement des commentaires lyriques sur leurs pages Facebook,  avec une photo d’elle en avatar. Comme ça, quand ils signent des autographes à la sortie, comme ce soir là, ils savent que c’est une fan assidue).

Elle finit par poliment me laisser sa place.
Le batteur se tourne vers moi avec un sourire. Gros blanc dans ma tête, je lui tends la main en disant bonjour.
Il la serre en répondant bonjour, mais apparemment, vu son ton et son air perplexe, ce n’est pas vraiment le salut habituel dans ces circonstances.
Du coup, je dis « Ca se voit que je ne sais absolument pas me comporter dans ce cadre, même si j’ai un peu l’habitude? ».
Lui « Comment ça? ».
– Ben, après le concert, tout ça ».
– Oh ben c’est pas grave ».
Moi, essayant de combler la conversation « Du coup on va faire dans le classique, hein, avant que je dise d’autres conneries. Si vous pouviez me signer ceci, merci », en lui tendant mon billet avec un feutre.

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Il signe en dessinant une batterie, sa petite touche perso.
Moi « Ah si, j’avais un truc à vous demander : vous avez changé la rythmique, non?
– Comment ça? ».
– Il m’a semblé que le son était plus musclé qu’avant.
– On a changé les orchestrations, oui. C’était pas bien?
– Si si, mais comme on était à côté des baffles, on a bien senti que c’était plus costaud qu’à [nom de la salle du dernier concert d’eux que j’avais vu]… »
Il répond : « Ah mais faut jamais se mettre à côté des baffles »
Je me retiens de dire « Ben je me mets là où je peux voir et prendre des photos », parce que je pense que c’est un truc qu’un musicien regarderait de travers.

Mais perso, si c’est pour avoir juste le son, je ne vois pas l’intérêt de se fader un concert, autant écouter un bon live. Et j’évite aussi de dire qu’en fait, le son ainsi boosté était désagréable à mes oreilles, et que les bouchons de concert ne le filtraient pas bien non plus, donc c’était soit bof parce que trop écrasé, soit bof parce que déformé par les écouteurs.

Je sors une banalité, je remercie et je laisse ma place.

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Bon ben… C’est pas comme ça que je vais devenir leur pote.

Les conversations sur le beau temps, ça n’a jamais été mon fort. Je n’aime pas non plus répéter des platitudes, j’ai l’impression de perdre mon temps et de leur faire perdre le leur. Si c’est pour dire comme les 50 avant moi « Merci c’était super », enfin je le fais, mais là même si j’avais dit ça, ça n’aurait pris que 5 secondes, et il était planté devant moi comme pour une longue discussion. Je sentais venir le silence inconfortable de toute façon…

Quelque part, je me demande ce que la poétesse pouvait bien trouver à leur dire. Déjà elle parlait de les revoir sur un festival. Ce qui fait toujours un peu « Aimez-moi aimez-moiiii, je suis une cliente régulière! ». Et rien que comparer le son entre leurs deux prestations, c’était le max que je pouvais prononcer dans ce sens, j’ai dû me forcer un peu.

Fandom : Tokio Hotel Sekunde : 14-07-2007 – 14-07-2017

Pour profiter à fond d’un fandom et se sentir vraiment fan, il faut la conjonction de plusieurs facteurs :

1) un objet. Un groupe de musique, une série de romans ou une série télévisée, peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.

2) du temps. Pour non seulement écouter les albums, ou visionner ou lire l’objet, mais aussi pour se tenir au courant des nouveautés, entretenir la flamme. Cf le Renard du Petit Prince.

3) last but not least, d’autres fans et un lieu d’échange (réel ou virtuel) pour partager : les infos, certes, mais aussi les moments d’enthousiasme (« tu as vu, le nouveau [titre, single, épisode…] sort demain ! »), les déprimes post-tournée/fin de saison (« c’est quand la prochaine?…😭 »), les débats entre spécialistes…

Bref, pouvoir se monter le bourrichon (spécial dédicace à mes consoeurs fans de mots surannés) à plusieurs, au lieu de ne rencontrer qu’un silence poli, au mieux, ou des railleries, le plus souvent, quand on parle de notre fandom à des « mundanes » (des moldus de la geekery. Les gens sans passion, quoi).

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Le forum TH Sekunde (TH pour Tokio Hotel, Sekunde en référence à Leb die Sekunde, un de leurs premiers titres), c’était ça pour ses membres fans de Tokio Hotel, les Sekundiennes.

La fondation du forum est originale, et en soi un bel exemple de ce que des fans peuvent faire ensemble en peu de temps quand ils s’unissent…

Fondation de TH Sekunde : du fo’ off au fo’ bis…

A l’époque, avant THS, en 2006 2007, il y avait certes une pelletée de forums de fans, et puis il y avait « le fo’ off », comprenez le forum officiel.

Un forum tenu par un certain Yannick. Et qui, je ne sais comment ni quand, avait obtenu de la maison de disques Universal d’être appointé le forum français officiel. Cela lui valut quelques concours pour gagner des places de concert, des rencontres, etc. Qui, bien sûr, étaient équitablement répartis entre… les membres de l’équipe de modération.

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Mes aventures de fan : la chasse au Kaulitz (revient au galop)

Pourtant, cela fait plusieurs fois que, le vent des fandoms tournant, je n’avais pas réellement cherché à voir Bill Kaulitz avec ou sans ses compères lors de leurs derniers séjours à Paris. Trop d’efforts, pas le temps, pas assez de motivation.

Mais le fandom est un hobby. Un hobby pour lequel, comme beaucoup d’activités de loisirs, on est plus assidu quand on peut le pratiquer à plusieurs. Effet d’entraînement, etc.

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Or donc, mercredi 21 juin 2017, le Landernau Tokiohotelien s’agite : Bill Kaulitz, chanteur du groupe, a posté sur son Instagram une story de son arrivée à Paris avec le hashtag Paris Fashion Week. Renseignements pris, la PFW « mode masculine » se tient en effet du 21 au 26 juin. Si Bill multiplie les tenues bizarres sur et hors scène, ce n’est pas juste par admiration pour David Bowie, mais aussi parce qu’il aimerait bien faire son trou dans la mode. D’où la tendance « blogueuse mode » de son Instagram, à coup de « hashtag Dior » et de « merci Buffalo » quand des marques lui font des cadeaux. Cirage de pompes à tous les étages.

Et voilà comment, malgré mon peu d’intérêt pour ces pratiques et le blogging sponsorisé, je me retrouve à quand même être au courant des us et coutumes du milieu. Bon, comme je le disais, les fandoms, ça sert aussi à apprendre des choses… Y compris des choses pour lesquelles on ne se passionnerait pas sinon. C’est de la culture générale, c’est toujours bon à prendre.

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Bill à la Paris Fashion Week

Chassera, chassera pas?

Ce coup-ci, canicule aidant, j’erre bien un peu le jeudi soir après le travail dans les beaux quartiers que je traverse normalement en métro pour rentrer chez moi. Mais c’est autant pour chasser le Pokemon ou l’Emma Watson. (En effet, celle-ci, le même jour, joue les Book Fairies pour l’association du même nom en semant dans Paris des exemplaires de la Servante Écarlate, roman uchronique visionnaire et glaçant où les rares femmes encore fertiles sont asservies pour servir de pondeuses aux puissants. Tout le monde ne peut pas se satisfaire de faire le kéké à des défilés de mode. Bref.) Lire la suite

Mes aventures de fan : River Phoenix

Ainsi que je l’ai raconté dans l’article sur sa soeur Summer, j’ai découvert l’existence de River Phoenix à l’annonce de sa mort. Aussi je n’ai évidemment pas pu le rencontrer. Notez bien qu’encore à ce jour, une partie de moi est intimement persuadée que si on s’était rencontrés, on ne se serait pas entendus du tout, donc je ne sais pas si je dois le regretter. Et même s’il avait vécu, les probabilités qu’on se serait croisé pour autre chose qu’un échange de 10 mots comme avec Keanu Reeves sont infinitésimales.

Par contre, depuis son décès, pour quelqu’un que je n’ai jamais rencontré, il s’invite régulièrement dans ma vie. Non que je m’en plaigne. Je suis un peu hantée. Mais dans le bon sens du terme. Enfin, de mon point de vue. Il n’a pas l’air de s’en plaindre non plus. Il faut croire qu’il a plus d’humour qu’on ne le pense habituellement.

Petit best of. Avec une bande-son (en cliquant sur les titres des « chapitres »). Oui, j’invente l’article avec bande originale. Parce qu’outre son métier d’acteur, River était aussi (et surtout, si on parle de passion) musicien.

1. Allow me to introduce myself, I am a man of wealth and taste

(vous ne l’attendiez pas, celle-là, je suis sûre…)

Donc, j’ai découvert River à l’annonce de sa mort, qui m’a inspiré un commentaire fort peu charitable alors que je révisais mes cours de fac en écoutant la radio. Pourquoi je me souviens encore distinctement de ce moment, alors que toute la période « fac » de ma vie se résume à peau de chagrin dans ma mémoire, c’est un mystère.

C’est une amie qui m’a reparlé de lui quelques mois plus tard, avec à l’appui une coupure de journal télé sur du mauvais papier, en me disant que, s’il n’était pas mort, il aurait été pas mal pour interpréter un personnage de vampire qui m’avait tapé dans l’oeil dans un roman. J’ai regardé la photo, où il ne ressemble pas à grand-chose (oui, un point commun des objets de mon attention artistique est leur sens du style très, très personnel…) et probablement dit « Ah oui? Peut-être ». Pas le coup de foudre, donc.

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Le fait qu’il soit mort jeune, et d’une overdose, ne le gratifiait pas à mes yeux d’une aura romantique. C’était plutôt un handicap. Un gros. Mais cela faisait un moment que je passais en revue jeunes acteurs, chanteurs et mannequins à la recherche d’une tête pour dessiner le dit personnage, et aucun ne trouvait grâce à mes yeux. Pas assez beau, pas assez jeune, trop articifiel, et surtout l’air trop superficiel pour incarner un immortel ayant vécu des choses que peu de mortels traversent. Lui, il était jeune, il était beau, il sentait bon le sable chaud dégageait un truc particulier. Comme j’avais Internet à la fac, j’ai cherché davantage d’informations sur lui – autres photos, filmo, etc. A l’époque, le web balbutiait, on ne pouvait pas télécharger 15 films rares et les PDF de toutes les biographies piratées. On mettait déjà 5 mn à charger une pauvre photo scannée en définition toute pourrie.

Mais il y avait un site, notamment, qui hébergeait des articles de magazines. Les articles d’avant sa mort, décrivant un jeune homme brillant, idéaliste et anti-drogue, semblaient en contradiction avec les circonstances de sa mort. Ca m’intriguait. Comme je suis d’un tempérament de tête chercheuse qui aime bien comprendre, j’ai continué à creuser. Jusqu’à tomber sur un très long article biographique en anglais, qui m’a inspiré des sentiments contradictoires. Notamment le malaise de voir autant de choses privées pas forcément glorieuses déballées ainsi, l’interrogation de me demander si elles étaient vraies, comment je pourrais le savoir un jour puisque je n’avais pas de source proche de lui – et que de toute façon il semblait avoir assez bien réussi à dissimuler ses vies parallèles à ses proches.

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En contrepoint, une espèce d’angoisse qui m’est tombée dessus comme le parpaing de la réalité sur la tartelette aux fraises de mes illusions – mais ne semblait pas mienne. Sentiment très bizarre. Dissonance cognitive ou dissociation. Un genre de « Choquée? Tu vas laisser tomber? » cynique et désespéré à la fois.

Je n’ai pas laissé tomber.

Il m’a fallu un moment pour digérer, mais c’est depuis cet instant que je suis hantée.

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Mes aventures de fan : Summer Phoenix

Si vous lisez ce blog depuis un moment, vous devez savoir que je suis fan de River Phoenix (dont c’est aujourd’hui l’anniversaire). Malheureusement, j’ai découvert son existence peu après son décès, de sorte que je n’ai même pas eu le temps d’espérer le rencontrer un jour.

Néanmoins, dans ma quête pour le comprendre, je me suis longtemps intéressée à ce que devenaient ses proches. Parmi eux, trois de ses quatre frère et soeurs ont tenté de faire carrière au cinéma: sa soeur Rain, sa cadette de deux ans. Son frère Joaquin, qui a si bien réussi, avec entre autres ses nombreuses collaborations avec James Gray, qu’il éclipse maintenant son grand frère. Et la petite dernière, Summer, qui n’avait que quinze ans quand River a disparu (Liberty n’a jamais réellement fait l’actrice).

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De g. à d. Summer, Joaquin, Jeffrey Wiseberg, Rain, Arlyn et Liberty Phoenix*

Mais même une fois installée à Paris, je n’étais pas pour autant dans le milieu du cinéma et encore moins le cinéma US. Donc je ne m’attendais pas à pouvoir les approcher un jour. Je me trompais.

Après avoir décroché de tout petits rôles dans divers films, Summer fut choisie en 1998 par Arnaud Desplechin pour interpréter le rôle titre dans son ambitieux film en anglais et en costume, Esther Kahn. L’histoire d’une jeune femme hermétique (maintenant on lui collerait sans doute un diagnostic d’autiste), dans le Londres populaire du West End de la fin du XIXème siècle, qui finit par s’ouvrir à la vie en découvrant le théâtre.

Après avoir vu le film en salle dans sa version normale dans une avant-première publique au Max Linder Panorama le 2 septembre 2000 (je ne me souviens plus le motif… Télérama, peut-être?), je découvre qu’une autre avant-première publique aura lieu le 12 septembre au Majestic Bastille (erratum : je croyais que c’était le MK2, voisin, mais non, d’après le plan. D’autant que le Majestic appartenait à BAC productions, qui a financé le film), celle-ci en présence de l’équipe du film. Je prends donc des billets, sans trop savoir à quoi m’attendre.

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Summer Phoenix – Esther Kahn

Le soir venu, je ne me sens pas vraiment à ma place: le public est de toute évidence cinéphile et adepte de cinéma d’auteur. Je n’ai rien contre le cinéma d’auteur, mais ça dépend lequel. Arnaud Desplechin fait partie de ces réalisateurs français issus de la FEMIS, que, pour être tout à fait honnête, j’ai plutôt tendance à fuir… Le film se passe, une version longue différente de celle déjà vue. C’est déjà ça.

Puis la lumière se rallume et quelques personnes se présentent au bas de l’escalier de la rangée où je me trouve. Parmi elles, le réalisateur, quelques acteurs français, et Summer, qui a coupé court ses cheveux, et les a teint en blond platine. Cliché : elle semble plus petite en vrai. Un officiel (du cinéma?) demande s’il y a des questions dans la salle.

Un spectateur demande si c’est un choix que, à l’exception des acteurs anglophones (outre Summer, on trouve Ian Holm etc), les acteurs français aient un accent marqué (je ne me souviens plus de la formulation exacte, mais c’était clairement une façon polie de demander pourquoi on nous infligeait un anglais catastrophique). Desplechin répond que c’était une référence aux films de Rohmer où les acteurs parlaient anglais avec l’accent français. Réponse prétentieuse qui me le rend tout de suite antipathique. D’autant plus quand j’appris qu’après avoir fait traduire son scénario en anglais par un traducteur professionnel et anglophone d’origine, il avait… Modifié le texte pour l’arranger à sa sauce. C’est sans doute pour ça que pour la maigre carrière du film à l’étranger, il revenait souvent dans les critiques l’usage incongru et répété du mot Fuck dans la bouche de ces juifs du West End du XIXe siècle, comme s’ils étaient des malfrats US de notre époque. Et que même moi, j’entendais des tournures qui ne me paraissaient guère anglaises.

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Summer Phoenix – blonde

Un autre spectateur, du fin fond de la salle, demande à Desplechin, en anglais, s’il est d’accord avec cette citation de Kubrick (je crois) sur le fait qu’il faut faire souffrir les acteurs pour obtenir d’eux une bonne performance. Desplechin et l’équipe rient, Desplechin répond (je ne sais plus quoi mais ce n’était pas très convaincant), et ponctue sa réponse d’un « kessi« . Rentrée chez moi, je chercherai dans Google qui donc ça peut être. Entre le nom et le visage, j’identifierai Casey Affleck. Je découvre ainsi avant que ce soit officiel la relation entre Summer et Casey Affleck, frère de Ben et copain de Joaquin, le frère de Summer. En tout cas, le ton mordant sur lequel il a posé la question m’a laissé peu de doute sur l’interprétation de sa question… Le tournage a dû être difficile.

Il y a peu de questions, l’officiel en semble dépité. Il clôt la session, l’équipe du film redescend l’escalier par où ils sont arrivés. Je bondis de mon siège en bord de rangée pour leur emboîter le pas. Je voudrais échanger quelques mots avec Summer, histoire de me faire une impression directe au lieu de me contenter d’articles subjectifs. Elle était restée vers le bas de l’escalier, en retrait, je dois donc doubler le reste de l’équipe si je veux la rattraper. Dans ma hâte, je manque de bousculer Arnaud Desplechin (instant La Cité de la Peur : « Barrez-vous, cons de mimes! » – comme ça vous comprenez pourquoi je ne me sentais pas à ma place à cette avant-première). Priorités.

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Summer Phoenix – brune

J’arrive dehors, j’ai perdu de vue Summer, je crains qu’elle n’ait sauté dans un taxi aussitôt sortie. Mais non : elle attend devant le cinéma avec deux personnes (dont peut-être sa mère, me suis-je dit après coup. A ce stade, je suis tellement étonnée de ma bonne fortune que mon cerveau bugge un peu et je ne vois qu’elle). J’hésite à y aller, je sens comme une poussée dans le dos (alors qu’il n’y a personne) et je m’approche. C’est sa soirée, je ne veux pas lui parler de son frère, d’autant que je ne m’en sens pas le droit, aussi je la remercie juste d’avoir rendu grâce au personnage d’Esther (qui est assez unique, il est vrai) et pour son interprétation. Elle me fait un grand sourire, me dit merci, me frictionne le bras et me serre dans ses bras avec une force surprenante. Quand elle me lâche, je lui tend un petit cadeau (un porte-bonheur), je lui dis merci et je m’en vais.

Rétrospectivement, je suppose que c’est Casey qu’elle attendait, mais ça a fait mon affaire.

Quelques mois plus tard, je lis une interview d’elle par Casey, avec cette intro :

This is not to say that Summer does not make a deep first impression. She can be startling. The colors of her face are brown, gold, green and red of an almond orchard at sunset. Close friends sometimes call her « Almond Joy ». She is one of those people (there aren’t many) who always seem to have a breeze gently blowing their hair. And her eyes… Actually… Twinkle… No matter where.

Her behavior is compulsively affectionate. She hugs and kisses everyone. She feels your pain. She wants it to go away. And within five minutes of your meeting, her surprisingly strong hands are laboring over your tense and twisted back muscles. If this sounds hard to believe then you are probably something between a reasonable person and a cynic. 

Et je me dis  « Oui, elle m’a fait cet effet aussi. » (enfin, sauf que moi je n’étais pas totalement in love d’elle comme Casey l’était visiblement en écrivant ces lignes. Depuis, ils ont eu deux enfants et se sont séparés). Mais du coup, je comprends un peu mieux l’impression que son frère semble avoir laissé à ceux qui l’ont connu, car elle dégage elle aussi quelque chose d’assez unique.

 

*la photo de début d’article est tirée d’une rare apparition publique groupée de presque toute la famille, à l’occasion des PETA Awards, pour remettre le prix River Phoenix à un réalisateur.