C’est vrai, des fois, les touristes, ce sont des plaies (cf. les 3 épisodes précédents). Et les aider relève de la gageure ou du sacerdoce, tellement ils y mettent de la mauvaise volonté.
Mais parfois aussi, les Parisiens méritent leur réputation de butors peu accueillants, au point de me donner honte d’être Parisienne.
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Ainsi, je me souviens de ce monsieur en costume-cravate, au milieu d’un long couloir de RER de la station tentaculaire Auber-Saint-Lazare, cherchant désespérément à accrocher le regard et l’attention des passants qui passaient. Il avait en cela deux désavantages : 1) il parlait en anglais 2) il était noir. Je ne sais laquelle de ces raisons explique en priorité que personne ne s’arrêtait pour au moins s’enquérir de ce qu’il voulait.
Qu’à Paris au bout d’un moment, tu te méfies de quiconque t’adresse la parole sans sollicitation, vu qu’en général c’est pour te demander de l’argent, d’accord. Je le fais moi-même volontiers. Mais les mendiants font rarement la manche en costume-cravate avec un attaché-case… Et les cailleras des técis ne cherchent pas la bagarre dans cette tenue non plus. Et ils ne t’abordent pas avec un « Excuse-me? » poli.
Honteuse de mes concitoyens, je m’arrêtai pour lui proposer mon aide. Le monsieur, soulagé que ENFIN on s’intéresse à son cas, me demanda par où sortir de ce dédale de couloirs. Je lui demandai s’il avait un but en particulier, vu que les sorties couvrent un grand périmètre. Quelque peu excédé par ses déambulations passées, il dit en substance « Peu importe, je veux juste SORTIR! ». Je l’escortai jusqu’aux escalators les plus proches, et il me serra chaleureusement la main avant de prendre la direction que je lui indiquais.
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